
C’est un constat abrupt qu’a énoncé Charlie Cornish, directeur général de la société MAG, qui possède les aéroports de Manchester, Stansted et East Midlands. L’homme est de fait le patron du plus grand groupe aéroportuaire britannique. Le quotidien The Guardian rapporte ainsi que, lors de la conférence Airlines 2022 à Londres, Charlie Cornish a déclaré qu’il n’y avait « aucun doute » que le Brexit avait nui à l’économie britannique, ajoutant qu’il avait « massivement exacerbé » la pénurie de travailleurs.
« Le Brexit a endommagé l’économie britannique, 99% des économistes les plus qualifiés vous le diraient. Il suffit de regarder le taux de croissance actuel, et c’est significatif, » décrivait-il. L’aéroport de Manchester a connu un été 2022 épouvantable avec une gestion catastrophique des flux de passagers…
Le Directeur du groupe MAG a ainsi exprimé une vision plutôt pessimiste. « Si cela continue, la capacité du Royaume-Uni à être compétitif s’érodera chaque année. Il faut que le gouvernement britannique étudie la manière de rétablir un plan de croissance économique raisonnable, en plaçant l’aviation au coeur de ce plan. »
Charlie Cornish reconnaît certes que le facteur Covid a joué un rôle certain dans la pénurie de personnel sur les aéroports. Mais le Royaume-Uni doit aussi faire face à un facteur unique: l’absence des Européens de l’UE sur le marché du travail britannique suite au Brexit. « Cela nuit à la capacité du secteur aéronautique britannique à recruter de la main-d’œuvre à grande échelle« , a-t-il expliqué. « Un problème qui n’existait pas avant le Brexit ». Et d’appeler à renforcer le secteur de l’aviation qui dépend essentiellement d’un PIB, qui, pour le moment, donne des signes de faiblesse.
Pas de « miracle Brexit » dans l’aviation
Lui a répondu Charlotte Vere, la Secrétaire d’Etat britannique en charge de l’aviation et du maritime. Sommée lors de la conférence de citer un avantage du Brexit pour l’aviation, la Secrétaire d’Etat a botté en touche. Elle s’est ainsi contentée de suggérer que le Royaume-Uni serait en mesure de moderniser son espace aérien grâce à la fin des contraintes qu’imposait auparavant Bruxelles.
« Notre capacité à procéder à la modernisation de l’espace aérien est différente de celle de l’UE. De notre point de vue, je pense que nous serons en mesure de développer ainsi notre secteur de l’aviation », a-t-elle expliqué.
La Secrétaire d’Etat n’a cependant pas réussi à convaincre Willie Walsh, directeur général de IATA et ancien patron d’IAG, propriétaire de British Airways. Il a ainsi déclaré qu’il existait des indicateurs clairs montrant que l’aviation britannique se redressait plus lentement que celle de l’Europe. » Le Brexit a porté préjudice au Royaume-Uni, d’après tout ce que j’ai vu « , a-t-il affirmé. « Je n’ai entendu aucun politicien convaincre d’un quelconque avantage, et ne vois d’ailleurs aucun avantage du Brexit pour l’aviation« …