
A quoi correspond la nouvelle carte mobilité lancée par Freenow ?
Benjamin Giovanni – La carte mobilité est liée au Mobility Budget, lancé l’année dernière. A savoir une allocation accordée par l’entreprise pour ses employés, souvent sur une base mensuelle, pour une utilisation de mobilité personnelle ou pour les trajets domicile-bureau. Les entreprises peuvent ainsi offrir de la mobilité à leurs collaborateurs, comme une nouvelle manière d’attirer ou de retenir des talents, comme elles peuvent le faire avec des tickets-restaurant ou un accès à une salle de sport. L’utilisateur peut suivre l’évolution de son budget via l’application. Nous lançons donc maintenant la carte mobilité, qui est un nouveau moyen de paiement pour les utilisateurs du Mobility Budget. Il s’agit d’une carte virtuelle prépayée, utilisable à la fois au sein de l’application Freenow ou en dehors de notre outil. L’utilisateur peut par exemple l’utiliser pour un taxi hors du réseau Freenow, dans une région qu’on ne couvre pas, ou pour une voiture de location, un billet de train ou d’avion, ou des transports en commun. Notre volonté, c’était d’ailleurs surtout de couvrir les transports en commun. Et comme technologiquement cela prend un peu plus de temps que prévu, nous répondons à ce besoin avec la carte mobilité. Cela donne plus de possibilités au collaborateur, non seulement en France mais aussi à l’étranger, partout dans le monde. Ce qui donne encore davantage d’intérêt à cet avantage mobilité.
La carte est-elle également utilisable chez les concurrents de Freenow ?
Benjamin Giovanni – Bien sûr. L’important pour nous c’est d’offrir de la mobilité au-delà des véhicules que nous proposons et des zones géographiques que nous couvrons. C’est au profit des utilisateurs, donc des sociétés, cela s’inscrit dans un cercle vertueux.
Y a-t-il des contraintes, par exemple limitant le choix à des mobilités douces ?
Benjamin Giovanni – Non, pas forcément : nous laissons à l’employeur le choix de cocher les codes fournisseurs autorisés ou non. Mais la carte est par défaut compatible avec toutes les mobilités, y compris de l’aérien donc. Si l’employeur veut que cet outil rentre dans le cadre du forfait mobilité durable, il a la possibilité d’apporter les restrictions ad hoc.
Cette carte cible-t-elle principalement les grands comptes ?
Benjamin Giovanni – Pas nécessairement. Comme c’est un avantage en nature, la carte virtuelle s’adresse surtout à des entreprises qui ont de vrais enjeux de rétention ou d’attraction de talents, par exemple les boîtes tech, qui sont sur des métiers très pénuriques où il faut se démarquer. On sent qu’il y a un vrai intérêt, parce que ça répond à des enjeux RSE, des enjeux d’innovation, de bien-être au travail…
Vous avez maintenant un semestre de recul sur le lancement de vos taxis à Paris. Quel bilan tirez-vous de cette nouvelle offre ? Quel est l’accueil de la clientèle affaires ?
Benjamin Giovanni – Nous avons effectivement intégré les taxis à Paris en juin dernier. Le bilan est extrêmement satisfaisant, avec des résultats au-delà de nos attentes puisque nous avons attiré plus de chauffeurs que prévu. C’était un vrai défi de lancer les taxis sur une application connue pour le VTC en France. Freenow est leader du taxi en Europe, mais les Français ne le le savaient pas forcément. Il y avait donc un enjeu de notoriété, il s’agissait notamment de faire comprendre aux chauffeurs que Freenow est bien un expert du taxi, que la concurrence est saine entre les activités VTC et taxis, que nous allions leur apporter nos trois millions d’utilisateurs en France, et qu’il y avait des synergies très positives entre les deux métiers. Mais cela constituait un challenge quand on se rappelle de la levée de boucliers des taxis il y a 13 ans aux débuts des VTC… Nous avons été très agréablement surpris de la manière dont les mentalités ont évolué. Aujourd’hui nous avons plus de 5500 chauffeurs inscrits, dont plus de 1500 actifs. Et les passagers l’ont aussi bien accueilli, notamment les clients « pro » car c’était vraiment une demande de leur part. La plupart de ces clients avaient d’ailleurs gardé une offre taxis car cela répond à des besoins un peu différents.
Avez-vous déjà un calendrier de lancement des taxis dans d’autres villes en France ?
Benjamin Giovanni – Non, nous voulons d’abord asseoir notre expertise taxi sur Paris. Ensuite nous nous intéresserons aux autres villes.
Où en êtes vous de l’intégration des transports en commun en France dans l’application Freenow ?
Benjamin Giovanni – C’est un bel objectif que nous nous sommes fixés il y a déjà un moment. La discussion a démarré il y a au moins un an. Ce qui retarde l’entrée des transports en commun c’est surtout le développement, le côté technique, une problématique d’API. C’est un vrai objectif pour nous, car pour être une vraie plateforme MaaS il faut couvrir les transports en commun. Aujourd’hui la carte mobilité virtuelle va nous permettre de répondre à ce besoin, mais nous aimerions vraiment l’avoir à part entière dans l’application. J’espère que cela pourra arriver dans le courant de l’année 2023. Mais on l’a déjà tellement repoussé, les discussions sont si longues que je préfère ne pas m’avancer sur une date précise aujourd’hui !
A quelle échelle se présente le projet ? S’agira-t-il d’un lancement à Paris ? Dans plusieurs grandes villes françaises ?
Benjamin Giovanni – Malheureusement, techniquement, ça se joue ville par ville. On a des discussions avec les différents acteurs, et malheureusement ça ne peut pas être une solution pour tous, il y a des spécificités propres à chacun. Notre priorité c’est Paris, car c’est là que se trouve la grande majorité de nos utilisateurs. Mais si techniquement c’est plus rapide de se lancer d’abord à Lyon ou Marseille, nous commencerions par là.
Le Ministre des Transports a récemment évoqué un titre de transport unique : cela pourrait changer la donne…
Benjamin Giovanni – Clairement, oui ! Il y a aujourd’hui une dépendance technique. A Lyon ou à Londres par exemple, on peut payer directement avec son téléphone ou avec une carte bleue sans contact. Ce n’est pas possible à Paris. S’il y a une technologie commune à toutes les villes en France, nous n’aurons plus qu’à l’intégrer de notre application et ce sera réglé.
Dans ce cas, vous auriez travaillé pour rien ?
Benjamin Giovanni – Malheureusement, ce sont des paris ! Parfois la technologie va plus vite que les développements que l’on peut faire en interne…
Est-ce qu’une fois les transports publics intégrés, la construction de la « super-app » Freenow sera achevée ? Ou pensez-vous encore vous diversifier ?
Benjamin Giovanni – Je pense que l’on peut encore se diversifier. Il y a eu des discussions sur la location longue durée par exemple, et pourquoi pas, à terme, proposer du train voire de l’aérien dans un monde idéal ? Tout ce qui concerne la mobilité pourrait avoir du sens dans l’application. Nous avons maintenant un raccourci vers ces moyens de transports via notre notre carte virtuelle, nous gardons ces projets dans un coin de notre tête, mais cela arrive en quatrième ou cinquième page de nos priorités ! Une vraie plateforme MaaS couvre toutes les mobilités possibles. D’ici à ce que l’on ouvre son application Freenow pour aller à Los Angeles, quelques années ce seront écoulées… Mais on ne s’interdit rien !
Comment envisagez vous dans le domaine de la mobilité, et notamment pour la clientèle affaires ?
Benjamin Giovanni – Encore plus diversifiée. On a vu que 10% de nos trajets multi-mobilité étaient effectués par la clientèle BtoB. La micro-mobilité est donc une tendance grandissante post-Covid. Il y a une habitude de l’utilisation personnelle qui s’est transmise sur l’usage professionnel. la frontière entre les deux sphères est de plus en plus fine avec le télétravail. Cette part de multi-mobilité augmente chez les professionnels, on voit de plus en plus de collaborateurs se rendre à des rendez-vous clients en vélo électrique. Et la tendance devrait continuer de croître. Il y a la tendance RSE au global qui est vraiment poussée dans les entreprises, c’est un vrai critère de choix des fournisseurs aujourd’hui. Je pense que l’on va assister à une continuité de la croissance sur le retour du voyage d’affaires. Même si ce n’est pas équivalent à pré-Covid car il y a des déplacements qui se font moins, il y a plus de rendez-vous sur Zoom. mais je pense quand même qu’il y a doucement un retour aux niveaux pré-Covid.