Scott Morrison, Premier Ministre d’Australie depuis août 2018, aura été le fossoyeur de l’industrie touristique australienne depuis le début de la pandémie. Un paradoxe pour un homme qui, on aurait tendance à l’oublier, a été Directeur Général de Tourism Australia, l’agence de tourisme nationale du pays, de 2004 à 2006. Depuis mars 2020, l’Australie est en effet fermée presque hermétiquement à tout visiteur de l’extérieur -y compris à ses propres ressortissants.
Cette stratégie a certes permis à l’Australie de contrôler mieux qu’ailleurs les chiffres de la pandémie de covid. Au 30 septembre, le nombre de cas positifs au Covid atteignait 107, 128 et le nombre de décès 1 309. Un ratio effectivement très faible pour ce pays de 26 millions d’habitants. Mais dans le même temps, on ne compte plus les personnes qui n’ont pu retrouver leur famille ou accompagner un mourant.
Car, malgré les bons résultats sur le contrôle de la pandémie, le gouvernement australien n’a cessé de repousser une potentielle réouverture du pays, invoquant toujours les risques encourus dans la situation sanitaire.
L’agonie de la théorie du « Zéro Covid »
Une attitude qui se heurte désormais à un plus grand scepticisme de la population. En fait, le gouvernement Morrison est désormais arrivé à la limite de sa stratégie « Zéro Covid », d’autant qu’il a été très lent à mettre en place sa campagne de vaccination. Au 30 septembre, 44% des Australiens avaient reçu leurs deux doses de vaccin. Un pourcentage encore très loin de l’immunité collective de 80% prônée par Scott Morrison pour autoriser les déplacements de voyageurs.
Toujours en septembre, le pays a ainsi sombré dans une crise politique interne. Les sept Etats (+ le territoire fédéral de Canberra), qui forment le Commonwealth of Australia, ont fermé leurs frontières intra-étatiques face au rebond de la pandémie.
Car les stratégies désormais divergent d’un Etat l’autre. La Nouvelle-Galles du Sud (Sydney) et le Victoria (Melbourne) ont par exemple renoncé à la théorie « Zéro Covid ». lls la jugent impossible à atteindre et se sont vus mis au ban par les autres Etats du Commonwealth. A l’opposé, l’Etat d’Australie Occidentale (capitale Perth) veut coller au « Zéro Covid », cette partie de l’Australie restant immune au virus.
La colère grondant, le Premier Ministre a finalement décidé d’accélérer la réouverture des frontières. Elle se fera par étapes. Elle concernera dans un premier temps les Etats australiens atteignant la fameuse immunité de 80%. Ce qui devrait être le cas à Sydney, Melbourne et Adelaïde, en Australie du Sud dès novembre.
« Il est temps de rendre leur vie aux Australiens », a déclaré le Premier ministre Scott Morrison vendredi 1er octobre. Les personnes seront autorisées à voyager dès que le taux de vaccination de leur État atteindra 80 %, a-t-il insisté.
La quarantaine obligatoire de 14 jours dans les hôtels australiens – qui coûte à chaque voyageur 3 000 dollars australiens (1 900 euros) – sera progressivement supprimée. Et remplacée par une quarantaine à domicile de sept jours pour les voyageurs vaccinés.
Les voyages ne seront pas immédiatement ouverts aux touristes étrangers, mais désormais le gouvernement évoque ce retour. Scott Morrison a déclaré qu’il travaillait « à accueillir les touristes de nouveau sur notre territoire ».
On risque donc en 2022 d’avoir une Australie à deux vitesses pour les potentiels voyageurs internationaux. D’un côté, des Etats de l’Est du pays (Nouvelle-Galles du Sud, Victoria, Queensland et Australie du Sud) ouverts finalement aux voyageurs domestiques puis internationaux et de l’autre des Etats qui resteront fermés selon le bon vouloir de leur Premier Ministre local. Ce serait le cas en Australie Occidentale et dans le Territoire du Nord (Darwin).
Qantas planifie son retour à l’international
Les perspectives d’un desserrement de l’étau sur les voyages a déjà amené la compagnie australienne Qantas à programmer de nouveau des vols internationaux. Le transporteur a ainsi mis à jour son programme de vols internationaux, plusieurs fois annoncé et repoussé.
Selon les dernières informations sur le site de la compagnie, Qantas reprend à partir du 14 novembre trois vols par semaine entre Londres Heathrow et Sydney ainsi qu’entre Los Angeles et Sydney.
La compagnie annonce ouvrir à la mi-décembre le très important pont aérien avec Singapour, qui permet des correspondances vers l’Europe. S’y ajouteraient également des vols vers le Canada et le Japon. Qantas remettra en vente le reste du réseau en avril 2022.
Il y a tout de même un petit bémol à cette reprise pour Qantas. Le fameux vol sans escale entre Londres et Perth ne reprendra pas avant la mi-2022. La faute à la phobie de l’Australie Occidentale qui souhaite garder ses frontières bien hermétiques au reste de la planète.
