Le rail prend-il le dessus sur l’aérien pour les déplacements dans l’Union Européenne ?

Un rapport de la Commission Européenne intitulé "Quelle est la rapidité des trajets en train entre les villes de l'UE et le rail est il plus rapide que l'avion?" analyse la vitesse des trains sur un ensemble de 1 356 itinéraires entre des villes moyennes et grandes de l'UE situées à moins de 500 km l'une de l'autre. Et tire les conclusions que beaucoup reste encore à faire pour que le train soit vraiment concurrentiel par rapport à l'avion.
Gare d'Aix en Provence-TGV (Photo: LC)

1 356 : c’est le nombre d’itinéraires en train qu’analyse un rapport de la Commission Européenne, qui souhaite dynamiser la part du ferroviaire à l’intérieur de l’Union Européenne. Ce rapport (uniquement disponible en anglais) intitulé « How fast are rail trips between EU cities and is rail faster than air? » démontre que l’avion reste dans la plupart des cas toujours le moyen de déplacement le plus rapide pour aller d’un point à l’autre en Europe. Surtout dès que l’on se rend vers l’Est de l’UE.

Le rapport se base cependant sur des chiffres de 2019. Entre temps, de nouveaux matériaux ferroviaires roulant ont été mis en place sur plusieurs compagnies ferroviaires. Et de nouvelles lignes ouvertes…

Les 1 356 itinéraires entre des villes de l’UE à une distance de moins de 500 km l’une de l’autre comptent au moins 200 000 habitants ou sont des capitales nationales. Le rapport souligne que les trains à grande vitesse représentent 31 % du nombre total de passagers-kilomètres dans l’UE. En Espagne et en France, ce pourcentage approche même 60 %. Cependant, plus de la moitié des États membres n’ont pas de lignes ferroviaires à grande vitesse.

Accélérer la vitesse des trains

Sur seulement 3 % des liaisons analysées, la vitesse dépasse 150 km/h. Sur 30 % des itinéraires, la vitesse est inférieure à 60 km/h.

Sur les 3% de liaisons rapides, la France tient une place prédominante dans ce classement avec 18 liaisons entrant dans les critères, dont 12 incluant Paris. L’Espagne recense 10 lignes et l’Italie 8 lignes. Avec 7,6%, l’Europe du Sud fait mieux que le reste de l’UE. Le résultat est en effet influencé par l’important réseau à grande vitesse de l’Italie et de l’Espagne.

Les vitesses ferroviaires tendent à être plus faibles et davantage de connexions manquent dans les Etats d’Europe Centrale et Orientale, ainsi que sur les itinéraires transfrontaliers. Sur 60% des itinéraires à l’Est, la vitesse ferroviaire est ainsi inférieure à 60 km/h.

De plus l’étude constate que 20% des liaisons définies par le rapport ne possèdent aucune ligne ferroviaire dans la partie orientale de l’Europe. Comme par exemple Sofia-Thessalonique ou Gdansk-Copenhague. Sur 45 absences de lignes en Europe entre une grande ville (plus de 500 000 habitants) et une ville importante (entre 200 000 et 500 000 habitants), on en trouve seulement 3 en Europe de l’Ouest et du Sud. Soit Porto et l’Espagne (dont Séville) et Bordeaux-Gérone. C’est surtout la Bulgarie et la Roumanie qui souffrent le plus d’absence de lignes ferroviaires. Le rapport en recense 18 uniquement pour la Bulgarie !

Vitesse des réseaux ferroviaires dans l’UE en 2019 (Image du rapport « How fast are rail trips between EU cities and is rail faster than air?)

L’étude relève également que dans les Etats situés au Nord-Ouest de l’UE, les trains ont une vitesse plus importante à 90 km/h. Avec la haute densité de population et la démultiplication de grandes villes, les trains circulent cependant sur des liaisons plus courtes.

Seules 68 liaisons ferroviaires plus rapides sur 297 liaisons où existent des vols

Sur 297 liaisons desservies à la fois par le train et par un vol direct, le trajet en train est plus rapide sur seulement 68 d’entre elles. L’amélioration de la vitesse d’exploitation à 160 km/h sur le projet ferroviaire de l’UE dénommé Réseau Transeuropéen de Transport (RTE-T) porterait ce chiffre à 103. Des vitesses d’exploitation d’environ 175 km/h sembleraient cependant suffisantes pour que les trajets en train soient systématiquement plus rapides que les vols sur des distances allant jusqu’à 500 km.

La gare de l’aéroport de Berlin accueille un nombre limité de trains de grandes lignes (Photo : Luc Citrinot)

Le rapport souligne que le transfert de passagers aériens vers le rail sur les itinéraires où le rail est plus rapide entraînerait une réduction de 17 % de la quantité totale d’émissions de CO2 provenant des voyages aériens sur les 297 itinéraires analysés. Ainsi qu’une diminution de 4,2 % de la durée de voyage sur ces itinéraires.

Si la vitesse sur le réseau RTE-T s’améliore, comme le propose la Commission européenne, la part du rail permettrait de réduire les émissions de CO2 de 25 % et les temps de trajet de 6 %.