Après l’Allemagne, l’Espagne se met au train à prix bradés

Des trains de banlieue gratuits et des abonnements à prix réduits sur les lignes de longue distance : l'Espagne encourage l'usage du ferroviaire face à la crise actuelle. De son côté, l'Allemagne réfléchit à l'avenir de son ticket à 9 euros, initiative qui vient de se terminer.
Comme en Allemagne, l'Espagne se lance dans le transport ferroviaire à prix réduits pour limiter les effets de la crise.
Comme en Allemagne, l'Espagne se lance dans le transport ferroviaire à prix réduits pour limiter les effets de la crise.

Après l’Allemagne et ses trains à 9 euros pendant l’été ou l’Autriche qui avait lancé un forfait annuel pour voyager en train à prix modique, l’Espagne s’ajoute à la liste des pays ayant fait du ferroviaire un axe majeur dans le contexte de crise actuelle. Soutien au pouvoir d’achat, économies d’énergie en limitant l’usage de la voiture au quotidien, basculement vers un mode de transport éco-responsable : les objectifs des gouvernements invitant à préférer le train sont multiples.

Dans ce cadre, l’Espagne a mis en place à partir du 1er septembre, et jusqu’au 31 décembre en tout cas, une quasi gratuité sur de nombreuses lignes détenues par les pouvoirs publics locaux. Différentes formules sont accessibles en gare ou via le site et l’application de la Renfe. Ainsi les trains de banlieue – les services Cercanías et Rodalies de la compagnie nationale d’Espagne – sont-ils devenus gratuits à leurs utilisateurs réguliers. Quant aux déplacements de moyenne distance, les passagers peuvent acquérir un pass pour un itinéraire prédéfini, par exemple Séville-Cadix ou La Corogne-Saint Jacques de Compostelle. Pass qui devient gratuit à condition d’effectuer 16 voyages ou plus pendant la période de validité.

Enfin, sur les lignes longue distance et à grande vitesse, la Renfe propose une réduction de 50% sur les prix de tous ses abonnements Avant, de même que sur un nouveau pass destinés aux voyageurs fréquents sur certains itinéraires tels Madrid-Palencia, Huesca-Saragosse ou Burgos-Valladolid.

Depuis l’annonce de cette offre le 24 août dernier, ces abonnements s’arrachent. Au 30 août, la Renfe annonçait avoir délivré plus de 315 000 pass gratuits Cercanías et Media Distancia, dont plus de 90 000 le premier jour de la mise en place de la formule. D’autant qu’en parall, ce qui est vrai pour le train l’est autant pour les transports publics, le gouvernement espagnole finançant une réduction de 30 % du prix des abonnements et des billets multi-voyages.

Fin du ticket à 9 euros en Allemagne, en tout cas pour l’instant…

Alors que l’expérience du train à coûts restreints débute tout juste en Espagne, elle se termine en Allemagne. L’abonnement mensuel à 9 euros qui permettait de sillonner le pays en utilisant tous les moyens de transport locaux ou régionaux a en effet pris fin le 1er septembre. L’heure est au bilan, alors que l’Etat et les Länder cherchent encore quelle suite donner à cette initiative à l’avenir.

Parmi les points positifs, 52 millions de tickets vendus entre juin et août, de même que plus de 10 millions d’abonnements à prix réduits. Concernant ces derniers, de nombreux citadins ont sauté sur l’occasion de cette grande braderie pour troquer leur abonnement mensuel contre ces pass bradés. Mais la formule a aussi réussi à attirer vers les transports publics une nouvelle clientèle, estimée à 20 % des passagers.

Quant au transfert route-rail, les analyses sont souvent divergentes, les premières estimations évoquant 3% de report de la voiture vers le train, contre 10%, selon la dernière étude de la fédération des entreprises de transport allemandes (VDV). Sur la base de ces trajets effectués, la VDV estime que le billet à 9 euros a permis d’économiser environ 1,8 million de tonnes de CO2. « A peu près autant de CO2 que la limite de vitesse d’un an sur les autoroutes« , a déclaré Oliver Wolff. le directeur général de la fédération.

Promotion du ticket à 9 euros par la Verband Deutscher Verkehrsunternehmen.

Reste que la formule a aussi ses détracteurs avec, pour revers de la médaille de son succès, des trains bondés, des quais surchargés et, in fine, de gros retards. De même, le ministère des Finances a un temps tiqué face à un coût estimé qui pourrait s’élever à 14 milliards d’euros sur une année entière.

Pourtant, le ministre, Christian Lindner, a récemment déclaré sur Twitter avoir été convaincu par son homologue aux Transports, Völker Wissing : « Il peut réaliser, pour une portion des moyens financiers du ticket à 9 euros, un billet utilisable dans toute l’Allemagne et pouvant être réservé numériquement. C’est maintenant au tour des Länder. Lorsque la question du financement sera claire, le prix pourra être fixé. » Au final, la popularité du ticket à 9 euros plaide pour un prolongement en temps voulu de l’opération, autour de nouveaux forfaits mensuels qui, selon les medias allemands, pourraient aller de 49 à 69 euros.