
Comment évolue le trafic aérien, notamment le voyage d’affaires, vers la Corée ?
Ludovic Froidure – Le nouveau président coréen a rapidement levé les mesures de quarantaine en juin dernier. Nous avons donc assisté pendant l’été à un afflux de voyageurs qui n’avaient pas pu venir auparavant. La demande a été très forte, alors que toutes les capacités n’étaient pas encore rétablies. Le segment affaires a aussi repris, même si l’été n’est pas la période la plus propice. L’annonce ayant été relativement soudaine, les voyageurs d’affaires avaient aussi besoin d’organiser leurs rendez-vous. Mais nous assistons maintenant à une forte reprise en septembre et en octobre. D’autant que les tests ne sont plus requis pour aller en Corée : il n’y a plus la hantise jusqu’au départ de devoir annuler son déplacement. Le marché corporate repart donc bien. La France est très forte dans le domaine du luxe et il y a un regain, comme l’a symbolisé notamment le défilé annuel organisé par Dior à Séoul. Ce n’est pas neutre. Il y a aussi tout le secteur industriel, avec l’importance des chantiers navals de Busan notamment, encore accentuée par les nouveaux besoins en approvisionnement de gaz apparus ces derniers mois, puisqu’il faut trouver des alternatives aux gazoducs russes.
L’activité sur le marché français prend-elle le chemin des niveaux de 2019 ?
Ludovic Froidure – Avant le Covid, nous desservions Paris quotidiennement en A380. Pendant la pandémie, nous étions tombés à deux vols par semaine. Nous sommes repassés à une fréquence quotidienne depuis le 1er juillet, mais avec un Boeing 777 de 277 sièges, contre 407 sièges pour l’A380. Nous allons néanmoins rouvrir notre Première classe à Paris au 1er octobre, dans la mesure où c’est une destination stratégique, notamment dans le secteur du luxe. On aimerait y relancer l’A380, forcément, mais il y a maintenant le paramètre russe, avec un temps de vol rallongé d’une heure, et l’adition est particulièrement salée avec un quadriréacteur. Avec en outre l’évolution du prix du carburant, l’équation est difficile…
Comment envisagez-vous les prochaines semaines ?
Ludovic Froidure – Il y a une bonne dynamique, les engagements sont bons jusqu’à fin octobre, mais les voyageurs ne réservent pas longtemps à l’avance. Nous avons relancé Vienne et Milan en juillet, nous venons d’annoncer Barcelone et Rome avec trois vols par semaine depuis septembre. Nous allons lancer Budapest fin octobre, reprendre la route de Dubaï et de Tel Aviv : les choses reprennent, mais cela demande du temps, ne serait-ce que pour commercialiser notre offre et donc remplir nos appareils.
La toute nouvelle certification de niveau 5 accordée récemment à Incheon doit vous donner des garanties pour l’avenir…
Ludovic Froidure – Nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur cette annonce qui vient d’intervenir. Mais il est clair qu’obtenir ce cinquième niveau de certification, qui n’existait pas jusqu’ici, et surtout de la part d’un acteur mondial comme ACI pour faire avancer les standards de l’industrie, a quelque chose de rassurant. On sait que quand les passagers arrivent sur l’aéroport d’Incheon, en destination finale ou en correspondance, reçoivent le maximum d’attention. C’est un fabuleux outil de travail, et il y encore des projets d’extension, d’évolution.
Où en est le projet d’acquisition d’Asiana ?
Ludovic Froidure – Pour rappel, Asiana intéressait deux acquérir potentiels. Avec la crise, étant donné le contexte incertain, les investisseurs n’ont pas donné suite. La compagnie avait de grosses difficultés financières. Korean Air a donc proposé de racheter Asiana en novembre 2020. Mais cela passe par l’accord de toutes les autorités de la concurrence. Il reste aujourd’hui à obtenir l’accord de quatre interlocuteurs clés : les Etats-Unis, le Japon, la Chine et l’Europe. Il s’agit de s’assurer qu’une certaine concurrence peut perdurer. On espère que ce sera le cas d’ici la fin de l’année 2022. Si le projet est validé, Asiana sera totalement intégrée à Korean Air sous deux ans, et sortira de Star Alliance. Même si nous sommes conscients que le projet peut être refusé, comme l’avait montré l’exemple d’Air Transat, nous espérons que cela va se faire le plus rapidement possible, car il y a de vraies synergies entre les deux compagnies. Sur Paris par exemple, nous avons une fréquence quotidienne et Asiana cinq vols par semaine. Cela nous permettrait de proposer des horaires différents dans la même journée, des horaires optimisés.