Alors que les campagnes de vaccination sont aujourd’hui bien amorcées dans de nombreux pays, à rythme plus ou moins soutenu, l’idée d’un passeport vaccinal prend ça et là plus d’ampleur. Modèle en la matière, Israël entend délivrer un « passeport vert » à ses habitants juste après qu’ils auront reçu leur deuxième dose de vaccin. D’une durée de validité de six mois, celui-ci leur permettrait d’assister à des événements publics, qu’ils soient culturels ou familiaux, mais aussi d’affaires, par exemple des conférences. L’utilisation de ce sésame est aussi envisagée pour leur ouvrir plus largement la porte des restaurants, des hôtels ou des centres...
Alors que les campagnes de vaccination sont aujourd’hui bien amorcées dans de nombreux pays, à rythme plus ou moins soutenu, l’idée d’un passeport vaccinal prend ça et là plus d’ampleur. Modèle en la matière, Israël entend délivrer un « passeport vert » à ses habitants juste après qu’ils auront reçu leur deuxième dose de vaccin. D’une durée de validité de six mois, celui-ci leur permettrait d’assister à des événements publics, qu’ils soient culturels ou familiaux, mais aussi d’affaires, par exemple des conférences. L’utilisation de ce sésame est aussi envisagée pour leur ouvrir plus largement la porte des restaurants, des hôtels ou des centres commerciaux, sans pour autant que le passeport soit obligatoire dans les transports publics.
En début de semaine, cette solution, déjà évoquée en France par certains acteurs du monde politique en fin d’année dernière, a été soutenue par le Medef, soucieux de l’activité des centres des congrès et parcs des expositions. L’organisation patronale a invité le gouvernement à adopter le principe d’un passeport sanitaire qui permettrait d’accéder aux salons professionnels. « Celui qui ne veut pas se faire vacciner, il ne va pas au salon et le suit en digital ; celui qui veut aller au salon a – de son côté – son passeport vaccinal et peut se rendre dans l’événement, expliquait le porte-parole du Medef, Fabrice Le Saché, au micro de France Inter. Encore une fois, c’est le volontariat, temporaire et ça permet à la filière évènementielle de se relancer. »
Particulièrement touché par une fermeture qui ne cesse de se prolonger, le secteur cherche par tous les moyens à relever la tête. L’initiative proposée par le Medef est-elle pour autant la solution miracle ? A voir, car, sur la base des programmes de vaccination envisagés pour les mois à venir, les salons dédiés aux seniors, aux maladies graves ou au personnel soignant risquent d’être pour un temps les seuls à ne pas sonner creux…
Plus largement, le secteur touristique cherche toujours le moyen de sortir de l’impasse des restrictions aux passages des frontières et de la fermeture au public des lieux culturels et festifs. Ainsi n’est-il pas étonnant de voir la Grèce, dont l’économie dépend en partie du tourisme, être le premier pays en Europe à soumettre l’idée d’un certificat de vaccination au sein de l’UE. Le 12 janvier, son Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a envoyé à cet effet une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« Il est urgent d’adopter une même compréhension sur la façon dont un certificat de vaccination devrait être structuré afin d’être accepté dans tous les États membres« , a déclaré Kyriakos Mitsotakis, sans nul doute conscient du temps long qu’il faudra à l’Europe pour convenir d’une solution commune d’ici le début de la saison estivale. A travers ce certificat, l’initiative grecque ne vise pas à rendre la vaccination obligatoire pour voyager, mais surtout à faciliter les déplacements des personnes immunisées. Tout en incitant, au passage, ceux qui ne le sont pas encore à passer par la case vaccin.
Réticences face au passeport vaccinal
La proposition grecque devrait être discutée lors des prochains sommets européens. Pour autant, si certains gouvernements se montrent favorables à cette forme de passeport vaccinal, d’autres sont plus réticents, notamment en France. Le ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebarri, s’y est montré défavorable dans une interview donnée à LCI le 11 janvier dernier : »On a une campagne de vaccination qui commence partout dans le monde, avec une volonté d’avoir une immunité collective sans recourir à une segmentation de la population. »
Si certaines critiques concernant le passeport vaccinal sont d’ordre éthique – pas de discrimination à la liberté de circulation vis-à-vis de ceux qui ne veulent se faire vacciner, ou ne le peuvent pas pour des raisons d’allergies – , l’idée ne fait pas non plus consensus chez les scientifiques. Impact des nouveaux variants sur l’efficacité des vaccins, durée de protection… de nombreuses incertitudes restent encore à lever. A commencer par la contagiosité des personnes vaccinées, bien qu’elles soient protégées contre les formes graves du coronavirus.
De ce fait, mis à part la compagnie australienne Qantas qui avait émis l’idée d’une vaccination obligatoire pour emprunter ses vols, le monde du transport aérien milite pour des solutions axées sur les tests, plus que pour un passeport vaccinal. Tests qui sont, pour l’instant, les seuls à apporter une garantie contre la propagation de la pandémie. L’ Association internationale du transport aérien (IATA) en a fait son cheval de bataille et invite les gouvernements du monde entier à les banaliser pour ouvrir plus largement leurs frontières, éviter les mises en quarantaine. Et, partant, relancer les voyages.
Hélas, le président de l’association, Alexandre de Juniac, déplorait dans son dernier briefing du 12 janvier que les gouvernements n’aient pas desserré l’étau face à la menace de la mutation du virus, bien au contraire : « Le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon et d’autres pays ont ajouté des tests à leurs mesures Covid-19, sans pour autant supprimer les exigences de quarantaine. » Ces derniers jours ont vu la France et les Etats-Unis en faire de même récemment.
Pour autant, IATA ne baisse pas les bras. « Nous continuons à nous préparer pour le jour où les gouvernements seront prêts à ouvrir les frontières avec des tests ou des vaccinations« , souligne Alexandre de Juniac. L’association a lancé fin décembre, avec Singapore Airlines, la phase pilote de son application Travel Pass sur les liaisons vers Kuala Lumpur et Jakarta. Cette version high-tech du carnet de vaccination international permet au passager de stocker numériquement ses tests Covid – voire la preuve de sa vaccination – et de les présenter sous forme de QR codes à l’enregistrement ou aux contrôles aux frontières. Et cela, afin de fluidifier tout le processus entourant le parcours en aéroport, mais surtout pour apporter une trace infalsifiable de tests négatifs réalisés par des laboratoires agréés.
Certificats sanitaires high-tech
« Nous sommes toujours en bonne voie pour un déploiement complet de l’application au cours du premier trimestre de cette année« , assure Alexandre de Juniac. Pour Margaret Tan, directrice Réglementation des opérations aéroportuaires et sûreté de l’aviation de l’autorité civile de l’aviation de Singapour, « il s’agit d’une approche novatrice qui permet de garantir un voyage sans encombre tout en rassurant les services de santé et les agences frontalières sur le fait que les passagers disposent des justificatifs nécessaires pour protéger la santé publique. Nous espérons que d’autres pays et compagnies aériennes envisageront d’adopter une approche similaire. »

Depuis le dernier trimestre 2020, d’autres acteurs planchent également sur la mise en place de ces fameux « carnets jaunes » 2.0.. The Common Pass, soutenu par le Forum économique mondial, a commencé à être testée en octobre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et a suscité l’intérêt de compagnies comme Lufthansa, Swiss et United Airlines. De son côté, l’application mobile ICC AOKpass, développée par la Chambre de commerce internationale (ICC) en partenariat avec SGS et International SOS, a permis à Delta Air Lines et Alitalia de proposer des vols « sans quarantaine » entre New York et Rome.
L’Afrique s’est aussi engagé dans cette voie avec l’initiative Trusted Travel. Impulsée par l’Union Africaine, l’Africa Centres for Disease Control and Prevention (Africa CDC) et le spécialiste technologique panafricain PanaBIOS, elle se matérialise par un pass Covid digital. Depuis le 11 janvier dernier, au Kenya, l’autorité de l’aviation civile exige des passagers au départ qu’ils puissent prouver leur négativité de façon digitale, appuyé sur un réseau de laboratoires autorisés.
« Le mouvement est en route. Beaucoup d’acteurs privés mettent en place des certificats sanitaires visant à donner une force probatoire aux résultats des tests et fondé sur la qualité des laboratoires, remarquait cette semaine Augustin de Romanet, le PDG du groupe ADP, lors d’une interview sur Europe 1. » Une évolution qui, bien qu’elle ressorte essentiellement du secteur privé, trouve néanmoins grâce aux yeux du dirigeant des aéroports parisiens : « Si le certificat sanitaire peut permettre d’avoir moins de chômage et plus de sécurité au plan sanitaire, il faut bien sûr en parler.«