
Wi-Fi accessible jusque dans le train ou dans l’avion, téléphones toujours plus performants, large choix de solutions de visioconférence : voilà maintenant quelques années que les nouvelles technologies semblent assez performantes pour permettre de travailler depuis n’importe où, ou presque. Cette année aura donc eu valeur de test grandeur nature pour confirmer ou non cette hypothèse. “L’avantage de cette crise, c’est qu’aujourd’hui tout le monde sait utiliser Zoom ou Teams, a minima. Et même des solutions plus exotiques… La maturité technologique a fait un vrai bond en avant en l’espace d’un an », analyse Michel Font, fondateur du cabinet de conseil Nelta, spécialisé dans l’accompagnement de carrière des talents, cadres supérieurs et dirigeants.
Sans surprise, les outils de visio-conférence ont effectivement battu des records d’audience, mais l’expérience du tout virtuel s’éternisant, les éditeurs ont été amenés à étoffer leurs solutions pour lutter contre la lassitude des salariés. Par exemple, l’outil de retranscription automatique Otter.ai s’est intégré à Google Meet, Zoom et Cisco Webex, permettant d’automatiser les comptes-rendus de réunions grâce à l’intelligence artificielle.
Ce recours aux nouvelles technologies aura aussi permis de favoriser le travail d’équipes malgré la distance, comme en témoigne Pierre Sangrones chez Axa : “Le recours à des outils de collaboration en ligne, de cocréation, a beaucoup augmenté ces derniers mois au sein de nos équipes. Nous utilisons Klaxoon avec un « board » digital de cocréation en ligne, un système de post-it électroniques qui permettent de générer dans tous le sens. Avant, nous devions tous nous réunir dans la même salle avec beaucoup de matériels différents, pour que chacun puisse générer et partager ses idées. Aujourd’hui, un outil comme Klaxoon rend cela possible à distance. Nous avons pu créer des plannings à plusieurs mois avec tout le département, soit quasiment 100 personnes, ce qui aurait été pratiquement impossible en présentiel avec tout le monde”, poursuit-il.
Le lancement de la gamme Microsoft Viva a également témoigné d’une nouvelle importance accordée par les géants du numérique au télétravailleur lui-même, plutôt qu’au télétravail, dans une approche purement fonctionnelle. Ces nouveaux outils présentés le 4 février accordent en effet une place nouvelle au bien-être des salariés en « home office ». Le module Viva Insight, intégré à Teams, se propose ainsi d’accompagner les salariés vers une meilleure gestion du temps de travail, en y intégrant des temps de pause et d’échanges avec leurs collègues. L’outil s’adresse aussi aux managers pour les aider à mieux gérer leurs équipes à distance, voire à réorganiser les bureaux pour passer en mode hybride.
Bureaux virtuels et team building à distance
Ces derniers mois auront aussi mis un coup de projecteur sur des solutions jusqu’ici plus confidentielles, pour maintenir une certaine cohésion entre des équipes qui ne peuvent plus se retrouver au bureau. A l’instar de Work Adventure ou de Gather Town, les plateformes de bureaux virtuels ont tenté de soulager le blues du bureau – sentiment qui aura probablement surpris nombre de salariés… Ces ersatz de sièges d’entreprises ne sont pas sans rappeler Second Life, chaque salarié optant pour un avatar qui déambule ensuite au sein d’un bureau virtuel plus ou moins proche de son équivalent physique, et peut ainsi échanger avec ses pairs lors de meetings formels dans la salle de réunion, ou – et c’est là tout l’intérêt de ces plateformes – lors de rencontres inopinées au détour d’un couloir. Objectif : se substituer aux échanges générés autour de la fameuse machine à café, et d’où naissent parfois de meilleures idées que lors des réunions les mieux organisées. Sans oublier des applications a priori grand public, mais dont la logique collaborative n’a pas échappé aux entreprises qui souhaitaient maintenir les interactions entre salariés et favoriser l’esprit d’équipe, tout en offrant un peu de légèreté et de détente dans un climat parfois pesant. A l’image du jeu Among us, dont la clientèle professionnelle n’est probablement pas étrangère au titre de jeu le plus téléchargé sur iPhone en 2020…