Amélie Déchénais : « Bordeaux tend vers l’exemplarité »

Engagements écoresponsables, certifications ISO 20121 : Amélie Déchénais, directrice du Bordeaux Convention Bureau, explique ce qui fait de la ville la cinquième destination au GDS Index. Tout en présentant les principaux projets de l'année 2023.
Amélie Déchénais, directrice du Bordeaux Convention Bureau.
Amélie Déchénais, directrice du Bordeaux Convention Bureau.

Après Bordeaux Tourisme & Congrès, certifié ISO 20121 en 2021, d’autres lieux événementiels de la destination ont, semble-t-il, poursuivi votre démarche ? 

Amélie Déchénais – En effet. Tous nos sites de congrès sont soit déjà certifiés ou labellisés ou se sont engagés dans ce sens. En 2022, Beam (NDLR : Bordeaux Events & More, anciennement connu sous le nom de Congrès et Expositions de Bordeaux) a reçu la certification ISO 20121, et le Palais de la Bourse, un autre grand lieu événementiel, rentre maintenant dans ce processus. En ce qui concerne l’hébergement, une quarantaine d’établissements se sont positionnés pour obtenir le label Clef Verte en 2023, en plus d’une quinzaine l’ayant déjà reçu. Pour accompagner cette évolution, l’office de tourisme a d’ailleurs mis en place un service Développement durable, afin d’aiguiller nos partenaires – hôteliers, agences, restaurateurs, traiteurs – dans leur transition responsable.

Cette mobilisation générale explique-t-elle la cinquième place de Bordeaux au Global Destination Sustainability Index (GDS-Index) ?

Amélie Déchénais – En effet, le GDS Index ne prend pas seulement en compte ce que nous faisons au sein de l’office de tourisme. Un quart de la note est relié aux certifications, labels et démarches RSE des acteurs touristiques de la métropole. En outre, d’autres critères dépassent ce cadre, notamment la qualité de l’air. Cela démontre cette implication à l’échelle de la destination. Nous sommes très fiers d’être dans le top 5 de ce classement, à côté de Copenhague ou Göteborg. Bordeaux se frotte à des destinations pionnières. Et qui nous font grandir par leur exemplarité, ce qui est aussi le but de ce classement.

Avez-vous déjà ressenti l’impact de votre implication écoresponsable auprès des organisateurs d’événements ?

Amélie Déchénais – Avant la crise, nous valorisions notre engagement de manière proactive. Les organisateurs n’en faisaient toujours spontanément la demande. Cependant, quand nous mettions en avant ce vers quoi on voulait tendre, on notait un intérêt qui pouvait les guider à choisir la destination. Aujourd’hui, ce sujet est inscrit dans le cahier des charges de la moitié des clients. Il y a une vraie prise de conscience des organisateurs. Pendant ces deux dernières années, les entreprises ont mis en place des chartes RSE, pris des engagements responsables dans l’organisation des événements. Ce qui crée un cercle vertueux.

Comment les accompagnez vous dans cette volonté de limiter l’empreinte carbone des événements professionnels ?

Amélie Déchénais – Quand on commence à monter un projet, notre volonté est d’aider les organisateurs à réduire l’impact de leur événement en les orientant vers des choses malines en lien avec le territoire. Par exemple, le fait d’avoir répertorié les partenaires engagés ou les solutions locales pour réduire leur impact, notamment le tri des déchets ou la collecte des surplus alimentaires, est un élément important dans la décision. Pour passer un cap en 2023, notre ambition est de créer un pool d’associations et d’initiatives locales pour pouvoir proposer des moyens de compensations solidaires et sociales.

Bordeaux est la première destination française du classement GDS Index. Est-ce une preuve de votre exemplarité ? 

Amélie Déchénais – Sans être aujourd’hui exemplaire, Bordeaux tend vers l’exemplarité. C’est un engagement de tous et de tous les jours, des lieux impliqués dans leur transition écoresponsable comme des institutions pour soutenir les partenaires et prestataires locaux. Dans ce cadre, nous sommes en train de finaliser un guide pratique qui sortira dans les prochaines semaines et résumera les dix étapes clés pour réaliser un événement responsable. Un guide qui donnera pas mal de conseils et de petites idées aux organisateurs de tous types d’événements. Mais ces clés, qui s’appliquent à notre territoire puisqu’on donne des contacts au plan local, peuvent être reproduites dans toutes les destinations. Le but est de proposer à tous un outil pratique. Enfin, nous avons aussi un autre projet innovant en 2023, en partenariat avec l’ADEME : des formations certifiantes à l’organisation d’événements écoresponsables destinées aux agences événementielles.

Pourquoi ce besoin de formations dédiées au secteur événementiel ?

Amélie Déchénais – Nous sommes partis du constat que de plus en plus d’associations et d’entreprises inscrivaient l’écoresponsabilité de l’événement dans leur cahier des charges, mais qu’en parallèle, il y avait très peu de formations appliquées aux métiers de l’événementiel sur ces sujets pointus. C’est pourquoi nous avons sollicité l’ADEME pour créer un programme certifié avec une formation de deux à trois jours en présentiel à Bordeaux pour les agences locales. Mais cette formation sera aussi ouverte à tous, sous forme d’e learning avec plusieurs sessions à distance d’une petite heure. Tout sera en libre accès. Là encore, nous n’avons pas vocation à garder les choses pour nous, mais à promouvoir tout ce qui peut faire avancer les métiers de l’événementiel dans cette voie.

En dehors du développement durable, quelles sont les principales actualités de la ville en 2023 ?

Amélie Déchénais – Plusieurs hôtels ont ouvert récemment comme le FirstName dans le quartier de Meriadeck, le Sheraton près de l’aéroport de Mérignac, ou encore un hôtel lifestyle, en centre-ville, le Jost. Prochainement, Bordeaux verra l’arrivée d’un hôtel Mondrian ou encore le passage sous l’enseigne Hotel Indigo du Mercure Cité Mondiale. Au printemps, l’hôtel Burdigala rouvrira également ses portes après une phase de rénovation pour passer en cinq étoiles, avec un nombre de chambres réduit et des lieux de vie étoffés et attractifs vis-à-vis de la clientèle bordelaise. Enfin, l’arrivée du tram à l’aéroport de Bordeaux Mérignac au printemps prochain va faire bouger les lignes, d’autant qu’elle s’inscrit dans une stratégie d’intermodalité vers d’autres solutions de mobilité douce comme les trottinettes et les vélos en libre service ou les véhicules électriques.

En ce qui concerne l’aéroport, Bordeaux Mérignac n’a pas encore retrouvé le trafic d’avant la pandémie. Est-ce dommageable à la destination ?

Amélie Déchénais – Ce sont encore les résidus de la crise, mais ça commence à aller mieux. Pour autant, l’ambition de l’aéroport n’est pas de dépasser les niveaux d’avant la pandémie, car nous étions arrivés à un nombre de passagers important par rapport à la dimension de la structure comme celle de la destination. Sa croissance sera raisonnée. Si la feuille de route jusqu’en 2027 présentée par l’aéroport table sur un retour progressif aux niveaux de 2019 en nombre de destinations desservies et de passagers, elle vise surtout à offrir un meilleur accueil et davantage de services aux voyageurs. Car Mérignac est un aéroport un peu vieillissant avec un niveau de services en décalage avec celui de la destination. Beaucoup d’investissements vont dès lors être consacrés avec un plan de 240 millions d’euros, dont 140 millions dédiés aux infrastructures, que ce soit pour des rénovations, notamment pour limiter la consommation énergétique, mais aussi pour la création d’un nouveau bâtiment à l’intersection des deux terminaux afin de proposer plus de services aux voyageurs.