Interview : Christophe Burckart, DG France de Regus et Spaces

Directeur général des centres d'affaires Regus et espaces de coworking Spaces pour la France, Christophe Burckart évoque une actualité très chargée pour son groupe en 2018 : ouverture du plus grand lieu de coworking en France - le Spaces Arena à La Défense -, arrivée de la marque "six étoiles" Signature à Paris, en plus de nombreux projets au cœur des villes ou au sein des gares.
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Christophe Burckart, directeur général d'IWG pour la France

Vous avez annoncé en fin d’année dernière l’ouverture prochaine d’un espace de coworking Spaces à La Défense. Pouvez-nous nous donner plus de détails sur ce projet ?

Christophe Burckart – Ce sera à la fois le plus grand centre de coworking de France et l’un des cinq plus gros au monde, et naturellement le plus grand Spaces que nous proposons. Ce projet très important, que nous avons finalisé en fin d’année dernière avec le propriétaire de l’immeuble AG2R La mondiale et le promoteur Vinci, ouvrira ses portes en janvier 2019. Pour donner quelques chiffres, il s’étendra sur 18000 m² dans un tour de neuf étages avec rooftop – car c’est de plus en plus demandé – et offrira au total 1800 postes de travail, auxquels sont associés de nombreux services tels trois ou quatre lieux des restauration dans le business club situé au rez-de-chaussée, des salles de fitness et de bien-être, un barbier… L’emplacement nous plaisait beaucoup, car c’est un grand bâtiment mais à taille humaine, et qui est extrêmement bien desservi par les transports en commun, mais également depuis le boulevard circulaire, ce qui est très recherché à La Défense. Mais, surtout, nous sommes à un point pivot entre La Défense historique et l’extension du quartier au-delà de la Grande Arche avec l’U Arena, des hôtels, des sociétés et, à terme, la future gare du Grand Paris. L’Arena étant le phare de cette nouvelle zone, on s’est associé par le nom à cette évolution.

Quels sont les clients potentiellement intéressés par ce nouvel espace ?

C. B. – On va cibler en priorité les grands groupes qui recherchent pour leurs équipes avec des bureaux à la fois proches de leur siège, mais avec un modèle plus flexible que les baux classiques pour répondre à des besoins élastiques. En parallèle, notre deuxième clientèle sera évidemment constituée par les partenaires et sous-traitants de ces grands groupes qui souhaitent se rapprocher d’eux, mais ne peuvent pas partir sur des espaces en baux conventionnels parce que, par essence, leurs contrats ne sont pas aussi longs, peuvent être ou non renouvelés. Et enfin, nous nous adressons aussi à toutes ces start-up qui travaillent dans l’univers de ces grands groupes. Autant la nouvelle économie est implantée dans le centre de Paris, autant les fintechs souhaitent rester à La Défense, car c’est là que tout se passe. On va commencer à commercialiser le lieu en février et des grands groupes nous ont déjà fait part de leur intérêt. On connaît bien le marché, car nous avons déjà 1 500 postes de travail à travers nos centres existants. C’est donc une suite logique dans ce quartier d’affaires.

Le Space Arena à La Défense, futur plus grand centre de cowroking en France.
Le Space Arena à La Défense, futur plus grand centre de cowroking en France.

Par delà cette ouverture majeure, quelle est votre stratégie de développement en France ?

C. B. – L’évolution de notre réseau en France s’articule autour de deux objectifs, l’expansion de notre réseau et le déploiement de nos marques. A notre offre originelle, les centres d’affaires Regus, nous avons ajouté Regus Express et Stop & Work en 2014, puis Spaces en 2017. La prochaine marque que l’on offrira en 2018 est Signature, notre offre Premium qui sera lancée à Paris. Elle n’existait pas encore en France et nous aurons ainsi un portefeuille de marques qui couvrira tous les besoins.

Vous parlez au sujet de Signature de centre d’affaires “six étoiles”. Pouvez-vous nous décrire ce concept plus en détail ?

C. B. – C’est très simple. La différence entre un Signature et un centre d’affaires classique, c’est un peu celle qui existe entre un palace et un hôtel de bonne facture. Une personne qui descend au Ritz peut très bien venir travailler chez Signature. Nous poussons la notion de services très très haut avec un niveau de qualité également très élevé, notamment un concierge qui peut répondre à toutes les demandes, mais aussi des bureaux de grande taille et une esthétique à l’unisson avec des moulures au plafond, un mobilier très qualitatif. Sans aller plus loin dans le dévoilement de ce projet, qui ouvrira ses portes à la fin du premier ou au début du second trimestre 2018, je peux dire que le premier Signature sera hébergé dans un hôtel particulier dans le VIIIe arrondissement.

Une personne qui descend au Ritz peut très bien venir travailler chez Signature.

Si l’arrivée de cette nouvelle marque sera marquante pour votre groupe, qu’en est-il de l’offre de vos autres enseignes en France ?

C. B. – Comme je l’ai dit, nous continuons à renforcer notre réseau, car les grands groupes s’attendent à bénéficier d’une implantation un peu partout en France. Le nombre de Spaces et de Regus que nous souhaitons ouvrir ou signer en 2018 est identique, c’est à dire autour d’une vingtaine de lieux pour l’un comme pour l’autre. On veut également doubler le nombre de Stop & Work avec, comme priorité, la poursuite du maillage en région parisienne, en deuxième et troisième couronne, afin d’apporter une alternative au travail à domicile pour les télétravailleurs des grands groupes et les entrepreneurs locaux. Dans les prochains mois, cette filiale que nous avons avec la Caisse des dépôts et Orange apparaîtra à Saint-Quentin en Yvelines et Montigny-Le-Bretonneux.

Votre marque Regus Express, particulièrement adaptée aux lieux de nomadisme business comme les gares et les aéroports, est-elle aussi à l’honneur ?

C. B. – On en ouvrira deux nouveaux dans les gares d’Amiens et de Lille Flandres, portant leur nombre à six au total. On discute toujours d’autres projets avec la SNCF. Cela peut passer par des centres Regus Express intégrés aux salons Grands Voyageurs de la compagnie comme au Mans ou à la gare du Nord à Paris, qui connaît un vrai succès avec 800 à 1000 personnes par jour. Cela peut aussi concerner de nouveaux lieux de travail, non pas intégrés aux salons, mais directement dans les gares comme c’est le cas à Nancy ou Bordeaux. Le concept Regus Express peut tout à fait s’inscrire dans le chantier de rénovations de grandes gares commencé par la SNCF. D’autres possibilités existent également dans des gares plus petites, notamment celles à venir du Grand Paris.

A la garde du Nord à Paris, le centre Regus Express, intégré au salon Grand Voyageur de la SNCF.
A la garde du Nord à Paris, le centre Regus Express, intégré au salon Grand Voyageur de la SNCF.

Quand on parle de mobilité, de grands voyageurs, les aéroports viennent aussi à l’esprit. Est-ce que vous avez là aussi des projets ?

C. B. – On a la volonté de se développer en ce sens, mais ce n’est pas encore abouti. L’équation financière est plus difficile à trouver dans les aéroports où les opérateurs donnent surtout la primauté aux commerces qui génèrent énormément de revenus. Il n’y a pas de discussions formelles engagées actuellement, mais cela pourrait arriver un jour. On pense que les aéroports, tout comme les gares, vont essayer d’offrir davantage de lieux de vie et de travail aux voyageurs et pourraient, dans ce cadre, faire appel à des gens comme nous.

Au regard de vos ambitions en France, diriez-vous que l’attrait actuel pour tout ce qui tourne autour du coworking et du télétravail met une nouvelle lumière sur les centres d’affaires plus classiques que Regus a développé de par le monde  ?

C. B. – C’est vrai qu’il y a beaucoup de buzz autour des lieux de travail flexibles. Le concept est beaucoup plus connu aujourd’hui qu’il y a dix ans. Le marché s’est accéléré et prend une forme différente selon les utilisateurs. Toute la nouvelle économie se tourne vers les Spaces, mais les grands comptes souhaitent aussi intégrer plus de flexibilité en ce qui concerne l’immobilier et nous demandent de rester sur des espaces plus classiques, avec des zones privatisées plus importantes. Ce qui soutient le développement de la marque Regus.

L’avenir semble donc plus que prometteur pour votre secteur…

C. B. – Si nous proposons aujourd’hui une centaine de lieux en France, nous pensons que le potentiel tourne autour de 1000 à 2000 lieux en France. Prenez l’Angleterre, bien moins peuplée que la France, ils ont quatre fois plus de centres que nous. Même si nous avons le réseau le plus important en France avec une présence dans 47 villes, on a encore un potentiel très fort. Si vous prenez Lille par exemple, nous allons passer de un à sept centres en l’espace de trois ans. En Ile de France, nous avons 60 lieux de travail, mais une présence encore assez faible à l’Est de la capitale. Nous avons donc pour ambition à la fois d’étoffer notre présence dans les villes où nous sommes implantés, mais également d’en ajouter de nouvelles comme Schiltigheim en fin d’année dernière. Cette dynamique est la même dans le monde entier. 2017 a été une année record avec une croissance de 71 % des signatures de projets par rapport à 2016. Si nous entrevoyons 1000 à 2000 centres en France, nos dirigeants estiment à 20 000 le potentiel dans le monde, contre 3200 aujourd’hui. Ce qui permettra de proposer aux voyageurs nomades une offre très vaste, puisque quand on est client d’un établissement, on a un accès à l’ensemble de notre réseau.