Nouvelles marques, développement en France : interview de Valérie Schuermans (Radisson Hotel Group)

Une nouvelle marque, Radisson Individuals, un accent sur les longs séjours et les nouvelles attentes des voyageurs d'affaires, le développement en France : Valérie Schuermans, vice-présidente Business Development chez Radisson Hotel Group, revient sur l'actualité de son groupe.
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Valérie Schuermans, vice-présidente Business Development chez Radisson Hotel Group.

Parmi les grandes évolutions de votre groupe, vous avez présenté une nouvelle marque, Radisson Individuals, dans le style des collections qu’ont pu lancé d’autres groupes hôteliers avant vous. Quels sont vos objectifs avec cette enseigne ?

V. S. – Nous avons lancé cette marque en octobre 2020 avec, en parallèle, une douzaine de signatures annoncées. Parmi les membres de Radisson Individuals, tous des produits hôteliers de grande qualité, certains ont déjà ouvert parmi lesquels la Cour des Loges à Lyon, l’Hotel Imperial à Plovdiv, en Bulgarie, le Palace Hotel à Tallinn en Estonie ou l’Henrietta House, à Bath, au Royaume-Uni. D’autres viendront comme, cet été, le Relais de Margaux près de Bordeaux et le River House Hotel à Inverness, en Ecosse. Un hôtel est attendu à Vienne également. Au final, la marque devrait compter entre 20 et 50 hôtels dans les années à venir, et ce dans des destinations prisées autant par les voyageurs d’affaires que loisirs.

Derrière ce lancement, c’est aussi une ouverture de votre groupe vers l’hôtellerie indépendante. Pourquoi le moment était-il venu ?

V. S. – L’idée est de répondre aux besoins d’un marché qui vit une crise sans précédent, et cela en devenant un partenaire pertinent des hôteliers indépendants et des petits groupes régionaux. Radisson Individuals leur permet de se connecter au système de distribution de notre groupe, et donc de diversifier leurs sources de revenus en captant une plus large clientèle. De notre côté, cette marque permet à notre groupe de se développer tout en protégeant la pureté de ses marques principales. L’hôtel de Bordeaux en est un parfait exemple. C’est un bel établissement, avec une longue histoire et une forte personnalité, mais qui n’est pas en ligne avec les standards des marques Radisson Collection ou Radisson Blu. Pour autant, il pourra être présent dans nos canaux de ventes et de distribution. En parallèle, l’hôtel va entamer une phase de rénovation à l’issue de laquelle il fera partie de la Radisson Collection, notre enseigne lifestyle haut de gamme. Ceci étant dit, une intégration future à l’une de nos marques n’est absolument pas une obligation.

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Le Relais de Margaux, près de Bordeaux (Radisson Individuals).

Autre grande ambition annoncée par le groupe Radisson, sa volonté d’accroître son offre d’hébergement de long séjour en Europe de l’Ouest. Pourquoi le marché s’y prête-t-il aujourd’hui ?

V. S. – Là aussi, nous cherchons à donner une réponse pertinente dans le contexte actuel, alors que l’hôtellerie de longs séjours s’est montrée plus résiliente ces derniers mois. Avec la fermeture des bars et restaurants, les voyageurs se sont davantage tournés vers l’offre résidentielle. Mais, même après la pandémie, je pense que les solutions longs séjours resteront toujours très attractives. Nous allons voir une nouvelle façon de voyager. Il y aura sans doute moins de déplacements à l’avenir, mais qui dureront plus longtemps. D’où un intérêt croissant pour l’offre résidentielle et, par conséquent, de belles opportunités pour celle-ci en Europe de l’Ouest, un marché où ce segment est encore peu développé par rapport aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient.

Comment allez-vous mettre en œuvre cette stratégie ?

V. S. – Nous avions déjà cette expertise au Moyen-Orient. Pour être plus réactif sur le marché et capitaliser immédiatement sur un nom reconnu, celui de Radisson, nous intégrons cette composante résidentielle en tant qu’extension de nos marques. Une des premières matérialisations de cette stratégie est l’ouverture récente du Radisson Hotel & Suites Amsterdam South, en partenariat avec Cycas Hospitality, un des principaux opérateurs spécialisés sur ce segment. La croissance se fera de façon opportuniste et selon les opportunités. Cela peut passer par des établissements 100 % longs séjours ou des hôtels offrant une combinaison des deux, des chambres et des appartements. Par exemple en France, le Radisson Collection que nous développons dans le quartier de La Défense avec Unibail, dans les Sister Towers, proposera une quarantaine d’unités résidentielles. L’avantage avec cette formule : les voyageurs longs séjours peuvent aussi profiter de toutes les expériences proposées par l’hôtel. En parallèle, avec des espaces partagés – réception, lobby, restaurant, fitness, etc. -, les coûts de développement sont réduits pour les propriétaires.

En parlant de la Radisson Collection, vous semblez avoir enfin trouvé la bonne formule sur le segment luxe après plusieurs tentatives infructueuses, par exemple Hotel Missoni ou Quorvus ?

V. S. – C’est tout à fait juste. Depuis le lancement de cette marque en 2018, nous avons été capables de créer rapidement un portefeuille d’une quarantaine d’hôtels, que ce soit en opération ou en développement. Ce que nous n’avions jamais réussi à faire auparavant. Le fait d’avoir pu lancer la marque dans les grandes métropoles d’Europe, à Londres, Stockholm, Milan et bientôt Paris entre autres, nous a aidé à donner une bonne assise à la Radisson Collection. Nous avons aussi montré que nous croyions vraiment à ce segment en nous impliquant financièrement dans la conversion de certains Radisson Blu en Radisson Collection, par exemple à Copenhague ou plus récemment à Bruxelles. La dynamique est là. Nous attendons de nouveaux hôtels à Séville, l’été prochain, ainsi qu’à Bilbao d’ici la fin de l’année. Ce sont deux établissements boutique dans le même style exclusif que la Cour des Loges à Lyon, qui fait partie de notre collection depuis l’an dernier.  Concernant la France, un des nos objectifs, après Paris et Bordeaux, sera d’installer la marque sur la Côte d’Azur.

Plus largement, quelles sont vos ambitions de votre groupe en France ?

V. S. – Nous sommes sur une bonne dynamique depuis 2019, notamment avec ces ouvertures concernant la Radisson Collection. Dans le Nord de la France, nous avons aussi un Radisson Blu en préparation à Malo-les-Bains et un resort Radisson à Blériot Plage. Nous voulons continuer sur ce rythme, et même l’accélérer. Notre stratégie est de capitaliser sur la solide présence de nos Radisson Blu dans les destinations primaires et secondaires – comme récemment à Rouen – pour, à partir de là, accroître l’offre de notre marque haut de gamme Radisson en France. Nous espérons aussi introduire notre enseigne lifestyle Radisson RED sur ce marché. On en parle depuis longtemps, et je suis assez confiante dans le fait de pouvoir annoncer son arrivée prochaine dans le courant de l’année.

Avec Radisson Individuals à destination de l’hôtellerie indépendante et l’accent que nous mettons sur le long séjour, nous avons adapté notre modèle à ce nouvel environnement

En parlant de l’année en cours, comment entrevoyez-vous l’évolution de votre activité ?

V. S. – Notre industrie est confrontée à beaucoup d’adversité. L’activité est affectée comme jamais elle ne l’avait été auparavant. Pour autant, il y a un sentiment de confiance de la part des hôteliers comme des investisseurs sur le fait que les déplacements vont redémarrer, que ce soit pour affaires ou pour le loisir. Bien sûr, cela prendra du temps. L’été prochain devrait être similaire à 2020, sinon meilleur. Le dernier trimestre verra aussi une amélioration. Mais je ne vois pas de reprise complète avant 2024. Mais nous tiendrons nos objectifs de croissance cette année après avoir ouvert plus de 40 nouveaux hôtels en 2020 dans la région EMEA. Avec Radisson Individuals à destination de l’hôtellerie indépendante et l’accent que nous mettons sur le long séjour, nous avons adapté notre modèle à ce nouvel environnement. C’est le moment de montrer à tous – clients, propriétaires, investisseurs – que vous êtes dynamiques et que vous comprenez ce qui est important pour eux.

Quels sont ces sujets aujourd’hui d’importance pour les voyageurs ?

V. S. – Par exemple, la sécurité et l’hygiène seront toujours essentiels et, en tant que groupe international, nous continuerons à construire autour de notre protocole de sécurité créé en collaboration avec SGS, comme sur notre participation au WTTC pour promouvoir l’importance de ce sujet.

En ce qui concerne les voyages d’affaires, quelles évolutions entrevoyez-vous ?

V. S. – Savoir s’adapter à la demande restera une priorité. On voit beaucoup de gens passer plus de temps dans des destinations loisirs tout en continuant à travailler. Dès lors, on doit avoir un regard neuf sur ce qu’attendent les voyageurs d’affaires dans des environnements plus loisirs, pas uniquement resort d’ailleurs. Est-ce qu’on leur offre des bureaux ? Quels supports peut-on leur apporter pour qu’ils puissent s’organiser pour continuer à travailler ?

Dans ce cadre, comment évolue votre offre de chambres dédiée à la clientèle d’affaires nomade, les « hybrid rooms », que vous avez lancées au Radisson Collection de Bruxelles ?

V. S. – Là où nous verrons une demande et que l’investissement en vaut la peine, c’est certain, nous allons étendre cette idée. Des « hybrid rooms » sont d’ailleurs en train d’être développées à Madrid et on pense les introduire dans un certain nombre de nos hôtels en cours de construction. D’autant qu’elles peuvent aussi être utilisées en tant que salles de réunions.