MICE : une reprise à plusieurs vitesses, de nouvelles tendances à surveiller

L’étude sur les Tendances MICE 2022 et les Perspectives 2023 publiée par Coach Omnium et le Groupe 1001 Salles acte un regain de l'activité, portée par un effet « rattrapage ». Reste à surveiller les nouvelles attentes des entreprises pour répondre à leurs besoins.
MICE 2023
Perrine Edelman, directrice associée de Coach Omnium, a dévoilé les résultats de l'étude MICE menée avec 1001 Salles le 16 mai à Paris

Mise entre parenthèses depuis quatre ans, l’étude Coach Omnium consacrée au marché français du MICE reprend du service, à l’image de l’activité elle-même. Une « résurrection », comme l’évoque Marc Watkins, le fondateur du cabinet, rendue possible par un nouveau partenariat avec le Groupe 1001 Salles. Comme les experts du secteur ont pu le constater sur le terrain, l’année 2022 a bien marqué un rebond de l’activité. « On est dans une logique positive : il y a un rebond de la demande en MICE en 2022 par rapport à 2019, à la fois du côté des organisateurs que des prestataires », souligne Perrine Edelman, directrice associée de Coach Omnium. « La grande majorité d’entre eux disent avoir eu un nombre de manifestations identique voire en hausse en 2022 par rapport à 2019. On avait dit que les réunions ne seraient plus jamais comme avant, que la visioconférence et les changements d’habitude avaient tout cassé. Que nenni ! ». Les chiffres en témoignent : 44% des entreprises sondées évoquent une activité stable par rapport à l’avant-crise, et un tiers (33%) témoignent même d’une augmentation. Une tendance positive, qui devrait perdurer au moins pour les prochains mois d’après les auteurs de l’étude : « On a assisté en 2022 à une forme de rattrapage qui devrait perdurer en 2023 ». Seuls 10 % des sondés tablent sur une baisse d’activité cette année, la majorité témoignant de chiffres stables (53%) voire à la hausse (37%).

Le MICE est donc bien de retour, mais tous les acteurs ne profitent pas équitablement de la reprise, car les formats et les attentes ont évolué au cours des dernières années. La durée moyenne a progressivement diminué, pour se concentrer le plus souvent sur une à deux journées. « C’est bien simple, on a perdu en moyenne une journée de durée de réunions professionnelles en 15 années », soulignent les auteurs de l’étude, qui pointent notamment l’impact des RTT. Quant à la taille des opérations, les deux formats les plus courants réunissent de 21 à 50 participants, et entre 50 et 100 invités. « Autant dire que les réunions de groupes de plus de 300 participants sont peu courantes en fréquence pour les entreprises établies en France. Cela rappelle que la création de très grandes salles, comme on en voit ici et là en projets (centres de congrès), se justifie de moins en moins », analysent les auteurs.

La motivation des collaborateurs s’avère plus cruciale que jamais alors que le lien avec le bureau s’est distendu pendant la crise

L’hôtellerie plébiscitée, les parcs à thème dégringolent

Les espaces privilégiés par les organisateurs semblent aujourd’hui être issus le plus souvent de la scène hôtelière, comme ce fut le cas avant que l’éventail d’options proposées ne s’étende considérablement. « L’hôtellerie revient en masse : les deux tiers des entreprises disent recourir à l’hôtellerie, qui est le premier lieu d’accueil », note Perrine Edelman. La directrice associée de Coach Omnium analyse : « C’est un lieu pratique car il réunit sous le même toit des salles de la restauration, des chambres si besoin et un service assez professionnel, car les hôtels ont en général des services dédiés au MICE. Il y a vingt ans, plus de 90% des commanditaires se tournaient vers l’hôtellerie. C’était massif. Puis beaucoup d’autres lieux se sont mis à faire du MICE, d’où le fait qu’il y ait moins d’hôtels choisis. En 2017, il n’y avait plus que 39% des commanditaires qui recouraient à l’hôtellerie. Et l’on voit aujourd’hui une belle remontée des hôtels ». Si les hôtels sortent gagnant des nouvelles habitudes – en particulier les établissements 4 étoiles (66%) – un autre acteur peine lui à capter les opérations MICE : les parcs à thèmes et de loisirs. Perrine Edelman évoque même « une dégringolade », avec seulement 13% des sondés, contre 24% en 2005. Et ce malgré des investissements significatifs, comme elle le rappelle : « Cela peut paraître étonnant puisque les principaux parcs à thèmes se sont de plus en plus dotés d’équipements MICE très professionnels ».

Autre perdant dans ce paysage du MICE post-Covid : les activités culturelles et le team building. D’après l’étude de Coach Omnium et 1001 Salles, les « activités périphériques » sont les victimes collatérales d’un resserrement des budgets déjà palpable bien avant la crise sanitaire : « Depuis le déclenchement de la crise économique en 2008- 2009, qui a affecté peu ou prou de nombreuses entreprises, la proportion des commanditaires qui incluent des activités périphériques ludiques, culturelles ou sportives à leurs manifestations professionnelles ne cesse de régresser », indique l’étude, qui évoque un « très net recul depuis plus de 15 ans ». « Mis à part le coût qu’elles impliquent, les prestations périphériques revêtent un caractère récréatif jugé parfois superflu en période de crise (morale ou économique) ou de « resserrement des boulons » » est-il précisé. A l’inverse, l’enjeu environnemental a lui poursuivi sa montée en puissance. Avec toutefois une marge de manœuvre non négligeable puisqu’un quart des entreprises interrogées (25%) n’intègreraient jamais de critères RSE dans leur cahier des charges MICE, et un autre quart « rarement »…