
Au sortir de la pandémie il y a un an, les professionnels de l’évènementiel ont retrouvé une activité quasi-normale au fil de l’année 2022, proche de celle enregistrée en 2019. Ainsi, le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes, hôte de ce salon Heavent Meetings, s’attend à accueillir 140 évènements cette année pour un chiffre d’affaires supérieur à 43 millions d’euros avec, parmi les plus gros rendez-vous, le Lions, le Yachting Festival, le Mipim, le MIPTV et le Midem. Sans oublier le Festival du cinéma et ses 37 000 participants issus du 7ème art attendus du 16 au 27 mai. L’équipement dominant la Croisette hérite par ailleurs de congrès, médicaux notamment, suite à la disparition du palais des congrès de Nice.
Le planning est également bien rempli au Nord de l’Hexagone pour Lille Grand Palais grâce au retour d’évènements récurrents et à la signature de nouveaux clients. « La visibilité est bonne jusque fin juin », confie Hervé Vauvillier, le directeur commercial de cet équipement qui vise les 250 opérations MICE et la centaine de spectacles cette année. Le centre de congrès du Futuroscope a, lui, tourné la page du Covid dès 2022 avec l’accueil de 150 évènements et d’une soixantaine de séminaires ayant généré un chiffre d’affaires de 3,4 millions d’euros contre 3 millions en 2019. Chasseurs de tornades, qui a décroché le prix de « la meilleure attraction du monde », a sans conteste boosté les réservations même si « seulement » 40% des séminaires, réunions et autres congrès profitent de l’offre du parc de loisirs de la Vienne.
Même satisfaction à Rennes où « les réunions et évènements organisées par les filiales de grands groupes implantés en Bretagne sont de retour », constate Sarah Ricci, chargée de Développement Convention du Couvent des Jacobins, le centre de congrès de Rennes dont la porte a été récemment incendiée lors d’une manifestation contre la réforme des retraites. Il lui reste toutefois encore des créneaux au second semestre, période qui aurait dû se remplir en 2021 si le Covid n’était venu mettre le MICE à l’arrêt pendant plusieurs mois. « Nous espérons néanmoins dépasser les 150 évènements cette année, 2024 se présentant par ailleurs sous les meilleurs auspices suite aux nombreuses réservations enregistrées dès l’an dernier », détaille-t-elle. A noter que si les gros rendez-vous comme les congrès sont largement anticipés, tel ne semble plus le cas des évènements de taille modeste.
Juin affiche complet en France

Les agences MICE ne sont pas en reste pour profiter de ce redécollage de l’activité tant en France qu’à l’international. « 2023 sera une très bonne année malgré les grèves qui compliquent l’activité », assure Cyril Pires, responsable des Partenariats chez Magma Group. Avec un pic attendu en juin prochain pour l’ensemble des professionnels. « Nous recevons encore des demandes mais tout est complet que cela soit pour les hôteliers, les salles, les traiteurs… Et les tarifs sont de fait élevés, précise Alban Saby, directeur des Opérations de CWT Meetings & Events. Nous incitons les clients qui souhaitent encore se positionner sur ce mois à plutôt décaler leur opération à l’automne ». Dans la métropole lilloise, la Cité des Echanges implantée à Marcq-en-Barœul fait également état d’un carnet de commandes chargé pour juin, mais aussi en octobre et novembre pour des opérations pouvant réunir jusqu’à 800 participants. La confiance est également de mise chez Magic Garden, les perspectives économiques étant finalement meilleures que prévues en France pour l’année en cours. « Nous avions un peu d’inquiétude fin 2022 mais celle-ci s’est vite dissipée face aux nombreux appels d’offre et demandes en production. Nous commençons même à travailler sur des évènements en lien avec les Jeux Olympiques », précise Brice Mourer, co-fondateur et CEO de cette agence parisienne – située sur le toit du Rex – qui organise une centaine d’évènements par an. La Coupe du Monde de Rugby qui se déroulera du 8 septembre au 28 octobre dans neuf villes hexagonales est perçue comme une répétition des JO, et doit déjà générer un surcroît d’activité pour nombre d’agences évènementielles.
Des évènements organisés en last minute
La pandémie a toutefois modifié les habitudes des entreprises en matière d’organisation d’évènements et d’attentes concernant les activités incentive. « Le marché est reparti comme avant le Covid mais en plus « speed », avec des clients qui pensent qu’une opération peut se monter en un mois », s’amuse Guillaume Paquet, directeur du pôle Corporate de l’agence parisienne Moma Event. « Nous pouvons avoir des demandes à J-15 », assure même Benoit Berteloot, directeur marketing et commercial de La Cité des Echanges. « Le last minute est de plus en plus important et remplira sans problème le second semestre », estime-t-on chez CWT Meetings & Events. « Les réservations s’effectuent de plus en plus à court terme même si les options posées en octobre se confirment, que les demandes arrivent pour la fin d’année et que des congrès sont d’ores et déjà réservés pour 2024 », note aussi Danielle Castan, la directrice générale du palais des congrès du Futuroscope.

Un retour aux évènements en présentiel
Après la primauté aux évènements hybrides ou virtuels au sortir de la pandémie, les professionnels notent aussi un retour des opérations en présentiel. « Seulement 5% des évènements prévus dans les principaux centre de congrès français se dérouleront en mode hybrides ou digitaux selon une étude de France Congrès & Evénements », nous a précisé Pierre-Louis Roucaries, DG de Mandelieu Tourisme (et co-président de l’Unimev), dont le Centre Expo Congrès a d’ailleurs démonté son Studio Azur destiné aux captations pendant la pandémie. « Nous observons clairement un rattrapage post-covid avec des opérations plus festives, de moins en moins d’évènements hybrides au profit du présentiel sur nos opérations réunissant en moyenne entre 300 et 400 personnes », ajoute Danielle Castan.
Avec un fort désir de nature sur les littoraux, à la campagne ou à la montagne, les activités recherchées par les entreprises dans le cadre d’incentive ont aussi évoluées suite au Covid. « Les clients recherchent du concret, comme des actions de construction par équipes pour favoriser l’échange entre les participants, du vert avec des sorties nature et bien sûr des activités entrant dans le cadre de la RSE au travers d’actions solidaires pour des associations par exemple », détaille Cyril Pires chez Magma Group. Même constat pour Brice Mourer de Magic Garden : « Les entreprises veulent recréer du lien entre les collaborateurs suite au télétravail qui a été prépondérant durant la pandémie et continue de se généraliser dans les entreprises. Elles plébiscitent ensuite les opérations ayant du sens. Des sociétés nous sollicitent enfin pour se démarquer lors de sessions de recrutement originales afin d’attirer de nouveaux talents ». Les préoccupations environnementales sont plus prégnantes, la réduction de l’empreinte carbone en tête via un choix d’hébergements labellisés (Clef verte, Ecolabel, Green Globe…) et des déplacements privilégiés en train en France ou en Europe. Une appétence pour un transport plus écologique confirmé par la direction des voyages en groupe de la SNCF qui commercialise davantage de voitures dans ses rames auprès d’entreprises et agences évènementielles depuis la fin de la pandémie. « Ces privatisations nécessitent une anticipation certaine, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un train complet – soit 509 places – qu’il faudra insérer dans le flux du trafic TGV », souligne Valérie Celma-Chapot, manager marketing et digital de la Direction des voyages en groupe de la compagnie ferroviaire. « Les séminaires à l’étranger reviennent également », constate Alban Saby de CWT Meetings & Events. Outre de l’Europe avec de nouvelles destinations proposées en lien avec l’ouverture de dessertes aériennes, les groupes s’envolent vers Dubaï, Oman et Marrakech qui effectuent un beau come back. « Sortir de France n’est plus un tabou », admet Guillaume Paquet de l’agence Moma Events qui a déjà organisé des voyages en Espagne, en Jordanie, au Costa Rica, aux Emirats et aux Etats-Unis.
Il faut enfin noter qu’à une époque où les sociétés espèrent rester dans un budget contraint pour leurs opérations évènementielles, elles doivent néanmoins faire face à une importante hausse du prix de ces opérations en raison notamment de l’inflation, de taux d’occupation élevés dans les hôtels qui font grimper le yield, d’engorgements sur certaines dates… Entre 2019 et 2022, le coût d’un participant sur une opération aurait ainsi augmenté… de près de 25% !