
En France, tout est possible ! ”, certifie Thomas Faizant, cofondateur de Prochaine Escale. Le pays regorge de lieux secrets, possède une pluralité de paysages, déploie une richesse culturelle incroyable… En quelques heures, on passe de sommets montagneux aux plages de sable blond, de la vie urbaine trépidante à la quiétude de la campagne.” Jouant sur cette diversité, Thomas Faizant entend faire vivre aux groupes affaires des expériences originales. Parmi les dernières proposées, un séminaire façon Pékin Express où les participants, avec un euro en poche, doivent se débrouiller pour rallier des étapes, mais aussi un stage de survie dans le...
En France, tout est possible ! ”, certifie Thomas Faizant, cofondateur de Prochaine Escale. Le pays regorge de lieux secrets, possède une pluralité de paysages, déploie une richesse culturelle incroyable… En quelques heures, on passe de sommets montagneux aux plages de sable blond, de la vie urbaine trépidante à la quiétude de la campagne.” Jouant sur cette diversité, Thomas Faizant entend faire vivre aux groupes affaires des expériences originales. Parmi les dernières proposées, un séminaire façon Pékin Express où les participants, avec un euro en poche, doivent se débrouiller pour rallier des étapes, mais aussi un stage de survie dans le Vexin, un plongeon dans la vie d’une ferme de permaculture en Mayenne, une balade en forêt avec des loups ou encore une journée sur une île paradisiaque privatisée…
Chez DefiPlanet’, l’insolite se vit au cœur de la Vienne, juché au sommet des arbres. “Nous proposons des hébergements et une salle de réunions dans des cabanes perchées au milieu de 50 hectares de nature. Que ceux qui ont le vertige se rassurent, nous avons aussi des yourtes, des roulottes ou des chalets en bois de diverses formes”, décrit Yann Decker, directeur commercial. Sur place, une vingtaine d’activités de plein air sont possibles, notamment de l’accrobranche, des vols en montgolfière, des stages d’apiculture ou des initiations aux traîneaux à chiens.


Cette originalité, notamment le côté champêtre, plaît aux entreprises françaises qui préfèrent aujourd’hui jouer à domicile pour leurs séjours incentive. Christophe Lapouge, directeur de Novabox, fait le même constat. “Une fois les organisateurs rassurés sur les protocoles sanitaires et les clauses d’annulation, les appels d’offres que nous recevons portent essentiellement sur la France, voire l’Europe.” L’agence, qui est réceptif pour le Tour de France, a mis en place des mesures rigoureuses pour accueillir les groupes, créant pour l’occasion le label “Seff Tours”.
Parallèlement aux impératifs de sécurité sanitaire, une autre grande tendance se dégage, en droite ligne avec l’essor du télétravail pendant le confinement : la part croissante du virtuel dans les manifestations professionnelles. Dans ce cadre, les membres de l’UNIMEV (Union française des métiers de l’événement) mettent au point des formules alliant digital et présence physique, comme le confirme Pierre-Louis Roucariés, président délégué de l’organisation professionnelle : “la crise accélère l’utilisation du digital. Toutefois, la rencontre physique restant un besoin essentiel de l’être humain, la réflexion porte sur des événements “phygitaux”, alliant le présentiel et le virtuel.” Ainsi, le centre de congrès Mandelieu-La-Napoule propose-t-il deux services innovants et exclusifs, en complément de sa salle des congrès : le StudioAzur by Novelty et la Social Network Room. Tandis que le premier est dédié à l’accueil et à la mise en place d’événements virtuels, le second permet d’élargir l’audience des manifestations physiques. Même parti pris au centre international de Deauville qui a équipé une de ses salles d’un système de visioconférence.

Selon Christophe Lapouge, de Novabox, “les régions ont un rôle à jouer, car les métropoles effrayent un peu les groupes. C’est une opportunité qu’elles doivent savoir saisir”. Dans le Grand Est, tous les acteurs de la filière se mobilisent pour accueillir la clientèle MICE à l’image de Strasbourg Évènements, gestionnaire du palais de la musique et des congrès ainsi que du parc des expositions. “La région a dédié une plate-forme à tous nos métiers afin de réfléchir ensemble à la relance de l’activité événementielle. C’est l’occasion d’impulser un réel marketing de la destination en matière de tourisme d’affaires”, indique Albane Pillaire, directrice générale de cette société appartenant au groupe GL Events. Parallèlement, Strasbourg Évènements étudie des formats hybrides entre présentiel et multiplex/digital.
En parallèle, l’Alsace met en avant ses particularismes : art de vivre, dépaysement et richesse culturelle. Parmi ses offres séminaires, les Secrets du Chocolat, un musée dédié au cacao où les groupes participent à un jeu de piste gourmand et expérientiel, résolvent des énigmes, s’affrontent au cours d’ateliers sucrés et dégustent des gourmandises chocolatées dans une authentique voiture-restaurant du mythique Orient-Express. Autre exemple, l’hôtel-restaurant Le Relais de la Poste, à La Wantzenau, où le chef Thomas Koebel anime des ateliers culinaires raffinés.


En Pays de Loire, Nantes s’appuie sur sa réputation de destination vertueuse en matière d’écoresponsabilité pour inciter les groupes, en particulier nationaux, à choisir la destination. “Le développement durable fait partie de notre ADN”, affirme Olivier Le Floch, directeur commercial de la Cité des Congrès. Cet engagement, la Cité l’infuse aux organisateurs en les accompagnant dans cette démarche. “Nous travaillons aussi sur de nouveaux services, dont les événements hybrides. Digitaliser une partie des manifestations permettra de réduire l’empreinte carbone.” D’autre part, la Cité tisse aussi des partenariats avec des acteurs du territoire afin de proposer une offre commune forte.
Mobiliser et fédérer est également la voie choisie par OnlyLyon Tourisme & Congrès. “Nous avons créé la ’Charte Sérénité, ensemble pour prendre soin de vous’, signée par près de 700 acteurs de la métropole lyonnaise”, explique Valérie Ducaud, directrice du bureau des congrès et des salons d’OnlyLyon. La troisième métropole française, reconnue pour ses actions en matière de développement durable, met en avant ses multiples facettes. En effet, construite sur des confluences et des contrastes, elle oscille entre passé et modernité, urbanisme et campagne. C’est aussi une porte ouverte sur les grands espaces, ceux que seule la montagne peut offrir.
Ainsi, à deux heures de route à peine, en Haute-Savoie, la station familiale des Carroz a mis tout en œuvre pour accueillir les entreprises en toute sécurité. “Nos animations sont déclinées via des applications, et les réservations s’effectuent à distance, télécabines y compris… Notre objectif est de limiter les attentes et les échanges. Les groupes peuvent en toute sérénité faire des sorties en raquettes, mais aussi des chasses au trésor, du ski ou encore dormir sous un tipi, écouter un concert au sommet d’une montagne…”, rassure Philippe Poettoz, directeur de l’office de tourisme.
Cette crise nous a permis d’être inventif
À deux pistes de ski de là, Chamonix joue la carte du dépaysement et de la détente. “Cette crise nous a permis d’être inventif. Dans les prochains six mois à un an, nous présenterons de nouvelles propositions, notamment en matière de flexibilité”, annonce Romain Trollet, président du groupe hôtelier Assas. Pour l’heure, ses hôtels de montagne, situés à Chamonix, La Plagne, La Clusaz et Val Thorens enregistrent des demandes pour des petits groupes de 15 à 20 participants. En revanche, pour ses établissements parisiens, c’est le calme plat…

Pourtant, Paris reste une ville attractive selon Corinne Ménégaux, directrice générale de l’Office du tourisme et des congrès de Paris (OTCP) : “D’après notre baromètre de juin, 41 % des entreprises interrogées prévoient d’organiser prochainement un ou plusieurs événements dans la capitale. C’est le cas en particulier de la clientèle chinoise et italienne. La moitié de ces manifestations devaient compter entre 25 et 100 participants.” Là encore, la réassurance sanitaire et la flexibilité des réservations sont les conditions sine qua non pour une reprise. C’est pourquoi l’OTCP a lancé la charte Caring Attitude et mis en place un parcours client de réassurance. Parallèlement, cette crise met en lumière des espaces insolites de la capitale, et qui répondent aux attentes des entreprises pour des réunions originales.
Parmi ces derniers, de nouveaux lieux, musées et rooftops. C’est le cas, porte de Versailles, du Perchoir, un restaurant de 250 m2 dotée d’une terrasse de 489 m2 tournée vers une ferme urbaine de 14 000 m², le tout perché sur le toit du pavillon 6 du parc des expositions. Idéal pour des team buildings champêtres en plein Paris !
Plus intimiste, pour des événements n’excédant pas 250 convives, le groupe Keys ouvre les portes du palais Vivienne, un hôtel particulier construit au début du XVIIIe siècle restauré par Pierre-Jean Chalençon, passionné de Napoléon qui y a installé sa collection privée. Quant au petit dernier des lieux proposés par Keys, l’hôtel de Montgascon, il joue la carte de l’exclusivité. Situé à Saint-Germain-des-Prés, celui qui fut la dernière demeure parisienne de Françoise Sagan peut accueillir 80 personnes. “Ces deux établissements ont beaucoup de demandes émanant de petits comités de direction d’une dizaine de personnes”, constate Alain Mollé, cofondateur de Keys.
Presque aux portes de Paris, les Hauts-de-France comptent profiter du recentrage des opérations vers l’Hexagone pour capter la clientèle parisienne. “Nous mettons en avant nos atouts : efficacité, professionnalisme, dépaysement, convivialité, patrimoine culturel, dynamisme du tissu économique avec des pôles d’excellence et de compétitivité”, énumère Clémence Blanchegorge, business developer séminaires & conventions au comité régional du tourisme et des congrès, qui note aussi un besoin de déconnexion et de ressourcement au grand vert.
Or, les Hauts-de-France répondent parfaitement à ces attentes. Bordée par la mer du Nord et par la Manche, la région dispose d’un littoral diversifié et de grands espaces naturels protégés à l’image de la baie de Somme et des Deux-Caps, labellisés Grands sites de France. De petits châteaux pleins de charme – Couturelle à proximité d’Arras, Flixecourt proche d’Amiens ou encore Tilques, posé au cœur du parc naturel régional des caps et des marais d’Opale – se prêtent aussi à l’accueil des groupes. En outre, les villes de la région, que ce soit Lille, Amiens, Arras, Laon ou encore Beauvais, sont à taille humaine, un élément apprécié des organisateurs. Enfin, pour les opérations plus importantes, Chantilly offre l’espace nécessaire pour se retrouver en toute quiétude dans un cadre verdoyant.
D’autre part, la région est propice aux activités de plein air. Les immenses plages de la baie de Somme, de la côte d’Opale et du Dunkerquois sont des terrains propices aux courses en chars à voile, aux ballades équestres, aux olympiades ou, encore plus surprenant, aux initiations au yoga. C’est aussi la terre des épicuriens avec ses multiples brasseries, et même des caves de Champagne, notamment celles de la maison Pannier, à Château-Thierry, dans l’Aisne.
Rayonnant à moins de trois heures de la capitale, la Normandie vante aussi son littoral, ses stations de caractère, ses peintres célèbres, son histoire et sa campagne pour attirer les entreprises. Le Havre saisit cette occasion pour surprendre et briser l’image de port industriel qui lui colle à la peau. Car la ville est une station balnéaire à la fois dépaysante avec sa grande plage et étonnante par son architecture remarquable qui lui vaut d’être le premier ensemble urbain européen du XXe siècle inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. “Les groupes peuvent s’adonner à des sports nautiques ou découvrir nos artisans, par exemple un liniculteur du pays de Caux ou un éleveur de bisons. Ils peuvent aussi remonter le temps sur la côte d’Albâtre jalonnée de vestiges de la Seconde Guerre mondiale, passer une soirée au complexe aquatique Les Bains des Docks dessiné par Jean Nouvel, prendre un cocktail au Palais des Régates qui domine la baie du Havre, participer à une visite guidée du MuMa, le musée d’art moderne André Malraux, ou encore se réunir en petits comités au palais Bénédictine à Fécamp et en profiter pour voir les falaises d’Etretat ou passer par le pont de Normandie et visiter Honfleur…”, cite Benoit Rémy, directeur de l’Office du tourisme du Havre.
Cette diversité est également un des arguments forts du Bordelais, comme le relève Amélie Déchénais, responsable du Bordeaux Convention Bureau : “À Bordeaux, pratiquement tout est envisageable !” Au cœur d’un des plus grands vignobles français et à deux pas du littoral, la cité girondine offre un mix entre urbanisme, nature, terroir et œnologie. Elle peut accueillir aussi bien de grandes manifestations grâce à la modularité offerte par son parc des expositions – fraîchement équipé du Palais 2 l’Atlantique – que des opérations plus modestes.


Parmi le large panel d’activités proposées, un team building explorant la ville à travers des circuits culturels ponctués de rencontres avec des artistes ; une soirée de gala à l’espace Marengo dont l’architecture atypique a été conçue par l’agence RCR Artotec, récompensée par le prix Pritzker en 2017 ; un dîner à la Française, suivi d’un concert de musique classique à l’institut culturel Bernard Magrez ; une journée nature à l’île de Patiras ou encore une journée aux Bassins de Lumières, situés dans l’ancienne base sous-marine. Ni plus ni moins que le plus grand centre d’art numérique au monde !
Mais, au-delà d’une ville, c’est toute la région qui se mobilise pour accueillir les entreprises. Par exemple, l’agence Bordeaux En Français fait appel à des guides locaux pour encadrer des activités hors des sentiers battus, entre autres une initiation au street art, un rallye dans le vignoble en 2CV cabriolet ou encore une découverte de la faune et de la flore du bassin d’Arcachon en pinasse avec dégustation d’huîtres… Au château Kirwan, c’est à des dégustations prestigieuses de grands crus qu’ont droit les petits groupes VIP. Parmi ces dernières, le Margaux Gourmet Trail se décline en un repas accompagné du millésime 2014 où chaque plat est pris dans trois châteaux différents : Kirwan, Lascombes et Marquis de Terme. Les convives rejoignent chaque étape à bord d’un side-car rétro !
Non loin, le Pays Basque se pose en rival du Bordelais. Balançant entre océan et montagne, la destination revendique la richesse de ses traditions et de sa culture. Cette patrie du surf et de la pelote est aussi une destination de renommée internationale en matière de tourisme d’affaires, ce qui lui a valu la tenue du sommet du G7 à Biarritz en 2019. “Nous avons reçu l’an dernier près de 120 manifestations dans nos quatre centres de congrès et d’exposition”, informe Éric Marchais, directeur général de Biarritz Tourisme. Ces quatre sites – Bellevue, Casino Municipal, Gare du Midi et Halla Iraty – sont modélisés pour permettre de visiter les bâtiments de manière immersive. Prochainement, le centre-ville, du front de mer jusqu’à l’aéroport, devrait être également modélisé.

C’est aussi sur son caractère et sa forte personnalité que mise la Bretagne, en plus d’un dynamisme et d’un patrimoine culturel qui permet à la région de se positionner comme une grande destination MICE au niveau national et européen. “De manière informelle, nous avons créé un collectif des centres de congrès régionaux, car je suis convaincu que les alliances territoriales sont nécessaires pour faire reconnaître la Bretagne comme une destination affaires incontournable et co-réaliser des événements de grande ampleur”, affirme Jean François Kerroc’h, directeur général de Destination Rennes. La capitale bretonne a déjà une solide réputation en tant que ville responsable, agréable à vivre avec une richesse culturelle et des pôles de compétitivité dans des secteurs de pointe. En mettant en place une synergie régionale, son attrait pour le tourisme d’affaires ne serait que renforcé.
En Occitanie, Toulouse surfe sur l’attractivité exercée par l’ouverture cet automne du MEET, le nouveau parc des expositions et centre de convention. “Toulouse s’affiche comme une nouvelle destination MICE : les commandes sur les cinq prochaines années tombent régulièrement”, dévoile Patrice Vassal, directeur général Toulouse Évènements. La proximité du MEET avec le musée aéronautique et la Cité de l’Espace permet l’organisation de multiples manifestations. Ce dynamisme d’initiatives montre la capacité des régions françaises à rebondir face à une crise qui, certes, les a touchés, mais qui, d’un autre côté, les stimule.

France, destination incentive par excellence
Rencontre : Lionel Malard, consultant et fondateur du cabinet conseil Arthémuse
- France, destination incentive par excellence