
Leur silhouette évasée aux couleurs flashy s’est imposée comme la carte postale de Singapour au cours de ces dernières années. Il faut bien avouer que les Supertrees qui ont poussé au cœur de la destination ont quelque chose de sacrément photogénique, et les habitants comme les voyageurs y convergent chaque soir pour assister au son et lumière qui illumine ces monuments insolites. Au-delà de l’esthétique, les Supertrees revêtent aussi et surtout une dimension symbolique, à plus d’un titre. Ils incarnent à merveille le bijou d’équilibre trouvé par Singapour. Celui d’une destination contrainte géographiquement à des horizons verticaux, mais qui a fait le pari d’une croissance verte, en préservant et en valorisant une nature florissante. Une destination résolument ancrée dans son époque donc, et même aux avant-postes de cette transition énergétique qui s’impose aujourd’hui à tous.

Le décor est planté pour l’organisation d’une conférence XXL ou d’un meeting VIP. Des événements qui, crise sanitaire oblige, ont été globalement mis en suspens pendant de longs mois. Certes, Singapour a fait de la résistance – de la « résilience » dit-on aujourd’hui. La smart city a notamment investi sur l’hybride, s’est concentrée sur l’innovation, partie intégrante de son ADN. Mais son ADN, c’est aussi et surtout l’hospitalité, l’accueil in situ. Sevrée de visiteurs étrangers, Singapour n’était plus vraiment Singapour, ce carrefour international qui a nourri sa culture et son patrimoine de tant d’influences extérieures.
Alors, dès que les conditions sanitaires le permettaient – on ne transige pas avec la sécurité à Singapour -, la destination hub s’est rouverte sur le monde, et ce plus vite que d’autres pays asiatiques. Plus vite, et probablement plus fort, car on imagine aisément que d’autres hubs de la région – à commencer par Hong Kong – ont perdu du terrain à la faveur de Singapour. Après avoir fait le dos rond pendant la crise, Singapour a repris à toute vitesse le chemin des grands événements, et des grands projets qui permettent de les accueillir dans les meilleures conditions. A la recherche du temps perdu pendant la crise, la Cité-Etat n’a pas pour autant renié cette tradition de développement ultra-raisonné, orienté par un plan d’urbanisation visant à optimiser l’exploitation de ce modeste territoire en respectant ses ressources et ses habitants. Il s’agit de prospérer certes, mais aussi d’offrir un cadre de vie agréable aux Singapouriens, à la nombreuse population expatriée, tout comme aux visiteurs de passage le temps d’une conférence. Les édiles locaux voient donc le vert à moitié plein, et s’attachent à préserver de confortables zones végétalisées. Et quand un nouveau building sort de terre, on se surprend à y voir systématiquement intégrées des terrasses arborées.
Car Singapour n’entend pas seulement attirer les conférenciers avec des espaces MICE dernier cri ou de luxueux hôtels. Il s’agit de séduire les voyageurs du monde entier avec une offre culturelle, gastronomique, architecturale, sportive, dont la densité et la diversité étonneront plus d’un néophyte. A l’aube de célébrer son soixantième anniversaire, la destination semble avoir trouvé le point d’équilibre entre ambition et responsabilité, le trait d’union entre développement et durable, entre l’utile et l’agréable. C’est peut-être ça, l’âge de raison…

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