La péninsule ibérique voit se multiplier les projets de TGV

Ouigo Espagne monte en puissance d'ici fin 2023 en attendant l'arrivée possible dès le mois prochain d'un troisième opérateur avec Trenitalia. Le Portugal relance de son côté son projet de ligne à grande vitesse reliant les deux principales villes du pays avec des connexions au réseau espagnol annoncées vers Vigo et Madrid.
Ouigo
L'ouverture d'une deuxième ligne pour Ouigo Espagne entre Madrid et Valence doit permettre à la SNCF de transporter 35 600 voyageurs chaque semaine

A l’international, la SNCF a ouvert vendredi une deuxième ligne pour sa filiale low-cost Ouigo Espagne entre Madrid et Valence, un an et demi après celle entre la capitale espagnole et Barcelone (via Saragosse et Tarragone) qui été empruntée par trois millions de passagers. La nouvelle desserte est opérée en TGV Euroduplex à deux étages d’Alstom a raison de cinq allers-retours quotidiens soit deux de plus qu’initialement prévus précise la compagnie. De quoi lui permettre de transporter 35 600 voyageurs chaque semaine. La durée du trajet s’élève à 1h50 entre les gares de Madrid-Chamartin-Clara-Campoamor et Valencia-Joaquim Sorolla. Les billets sont commercialisés à partir de 9 euros uniquement en ligne sur le site Ouigo.com/es.

La SNCF ne compte pas en rester là puisque dans le cadre de son appel d’offre Ouigo Espagne desservira Alicante (via Albacete) au premier semestre 2023 avec deux allers-retours quotidiens puis Séville (via Cordoue) fin 2023. Elle ambitionne alors de transporter 10 millions de voyageurs annuellement grâce à quelque 30 départs quotidiens dans la péninsule ibérique. Pour rappel, la ligne Madrid-Barcelone est connectée au réseau français en gare de Barcelone Sants suite à la rupture en début d’année de l’ancien partenariat avec la Renfe, la compagnie nationale ferroviaire espagnole. Un aller-retour quotidien est actuellement proposé entre Paris-Gare de Lyon et Barcelone.

L’Espagne aiguise les appétits puisque Trenitalia pourrait lancer ses Frecciarossa, ses « flèches rouges », sous la marque Iryo dès la fin novembre avec quasiment les mêmes dessertes : de Madrid vers Barcelone et Saragosse pour l’axe Nord, de Madrid vers Séville, Malaga, Cordoue, Valence et Alicante pour le Sud. La Renfe a du souci à se faire avec bientôt deux concurrents pour ses TGV classiques AVE et son offre lowcost Avlo.

Les lignes à grande vitesse Lisbonne-Porto et Lisbonne-Madrid à nouveau sur de bons rails

Les projets s’accélèrent aussi plus à l’Ouest avec les nouvelles liaisons à grande vitesse Espagne-Portugal Madrid-Lisbonne / Porto. Le gouvernement portugais vient en effet de relancer son projet de ligne à grande vitesse entre Lisbonne et Porto, la seconde ville du pays, qui seront reliées en 1h15 à l’horizon 2030 contre 2h49 aujourd’hui. Largement financé par des fonds européens, près de 3 milliards d’euros et six années de travaux à partir de 2024 seront nécessaires pour réaliser cette ligne longue de 336 kilomètres. Le chantier sera réalisé en trois phases, la première entre Porto et Soure, proche de la ville historique et universitaire Coimbra, faisant tomber le temps de parcours à 1h59 en 2028. L’opérateur des chemins de fer portugais vise un trafic de 16 millions de passagers dès la première année d’exploitation, en 2031, contre 6 millions actuellement.

Gare de porto

Précédemment abandonné après la crise financière de 2008, le retour en grâce de ce projet résulte d’un vaste plan d’investissement de 10 milliards d’euros destiné à développer et moderniser le réseau portugais. Avec l’objectif de le relier à terme à celui déjà très dense de son voisin espagnol. Un prolongement est ainsi d’ores et déjà envisagé jusqu’à Vigo au Nord. Et, surtout, à remettre sur les rails la liaison à grande vitesse entre Lisbonne et Madrid (via Badajoz et Tolède) dont l’ouverture initiale était annoncée pour… 2013 ! Là aussi l’ambition est de diviser par deux les temps de parcours avec un trajet de 502 km effectué en 4 à 5 heures contre près de 9 heures actuellement.