
« Ne m’appelez plus jamais Thalys« . Le 1er octobre dernier la compagnie disparaissait, fusionnée dans Eurostar, marque retenue car la plus connue, notamment des clientèles « overseas ». Un nouveau départ qui valait bien une présentation hier à Londres dans ses bureaux proches de la gare St Pancras International, et une petite fête pour célébrer sa première campagne de communication « Travelling Further Together« . Diffusé à partir du 16 octobre dans les cinq pays desservis (France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas et Allemagne), ce film d’animation célébrant la diversité et l’inclusion vise à rajeunir la marque et « à casser les codes« , selon Gwendoline Cazenave, CEO de la compagnie ferroviaire à grande vitesse. « Nous ouvrons un nouveau chapitre dans l’histoire de deux entreprises qui ont révolutionné la mobilité longue distance en Europe depuis 30 ans. Nous irons plus loin en établissant de nouveaux standards et en apportant la meilleure expérience pour nos clients sans oublier une solution de voyage durable« . Le nouveau logo s’accompagne de fait de la signature « Together we go further », symbolisant l’envie « d’aller plus loin en Europe et d’en faire toujours plus pour nos clients« , complète François Le Doze, le directeur commercial de la compagnie réunifiée.
Le trafic business toujours en retrait comparé à 2019
« Eurostar est engagée dans un projet de croissance avec un objectif de 30 millions de passagers en 2030 contre près de 20 millions cette année« , annonce Gwendoline Cazenave. La reprise est plus marquée sur le loisir, le segment affaires demeurant au global à 80% du trafic d’avant Covid. Écartant l’idée d’ouverture de nouvelles routes, Eurostar compte d’abord augmenter ses fréquences entre ses capitales. « Un important travail opérationnel est réalisé afin d’optimiser et d’articuler l’ensemble des routes« , pointe la directrice générale. À partir de mi-décembre les trains filant vers les stations alpines depuis Londres et Amsterdam seront ainsi raccordés en gare de Lille-Europe. « Nos capitales sont amenées à devenir des open hub connectés au réseau domestique de chaque pays mais aussi aux compagnies aériennes via les aéroports », ajoute la dynamique patronne. Un accord a ainsi été conclu avec KLM pour acheminer les passagers belges vers Amsterdam Schiphol grâce à un contingent de 10 à 30 places par TGV. Le hub de Bruxelles-Midi est également jugé crucial, connecté à 3600 destinations en moins de 6h« , pointe-t-elle. Aucun renouvellement du parc n’étant envisagé avant 2032-2035, cette croissance se fera à flotte constante avec 25 rames (jusqu’à 894 passagers) sur le transmanche et 26 TGV (de 371 sièges) sur le réseau continental. Enfin, aucune réouverture des arrêts à Ashford, Ebbsfleet, Calais et Marne-la-Vallée n’est prévue à ce jour pour des raisons économiques. « Eurostar rouvrira ce dossier quand la compagnie pourra se l’offrir« , assure-t-elle. Eurostar a en effet failli ne pas survivre au Covid et aux effets du Brexit.
Outre le déploiement d’ici fin décembre du logo sur tous les points de contact, dont les trains, les éléments les plus visibles de la fusion sont le passage des salons Thalys sous les couleurs Eurostar, le lancement de l’application Eurostar Trains et du nouveau site Eurostar.com, ainsi que la création de Club Eurostar, programme de fidélité unique réunissant 2,5 millions de clients. « Compte tenu de la taille du nouvel Eurostar, il permettra un gain plus rapide de points que les voyageurs fréquents pourront dépenser sur l’ensemble du réseau« , souligne Francois Le Doze. Certains voyageurs qui étaient membres des deux programmes ont toutefois rencontrés des soucis lors de la réunification de leurs points.
Les nouveaux contrats Entreprises attendus pour 2024
Eurostar en étant encore à identifier ses clients communs, les contrats Entreprises ne seront refondus qu’en 2024, basés sur de nouveaux paliers de consommation sur ce réseau XXL. « Nous devons analyser la localisation et particularités de ces sociétés, leur mode et leur volume de consommation, les marges de croissance…« , explique le directeur commercial. D’autres harmonisations sont également attendues comme le calendrier d’ouverture des réservations qui était de 11 mois chez Eurostar mais de 4 mois pour Thalys. La poursuite du programme RubY de remise à niveau des ex-TGV Thalys sera poursuivie avec quelques évolutions à la marge. Seules quatre rames ont été rénovées à ce jour, ce projet rencontrant un important retard.
Misant sur une marque forte, une qualité de service qui sera renforcée et un confort à bord jugé inégalé, Eurostar se met ainsi en ordre de bataille pour affronter les éventuels concurrents qui viendront demain lui mordre les mollets sur ses axes (Trenitalia, la Renfe ou le tandem Mobico/Getlink). « Notre objectif sera de ne pas donner de raisons à nos clients de passer chez la concurrence« , nous confiait ainsi en conclusion Gwendoline Cazenave.